Mis à part la banderole de bienvenue aux couleurs des drapeaux israélien et palestinien, déployée par le mouvement La Paix maintenant, et encore sur un immeuble de Tel Aviv, il y aura probablement peu d'indications pour rappeler au président Biden que le conflit israélo-palestinien attend toujours son règlement. Le dossier tient pourtant à cœur au président démocrate, qui dès son investiture, avait annoncé son intention de rétablir les relations avec l'Autorité Palestinienne, mises à mal par son prédécesseur à la Maison Blanche. Joe Biden a rétabli partiellement l'aide américaine et promet une nouvelle enveloppe lors de son entrevue à Bethléem avec Mahmoud Abbas. Il fera aussi un crochet par Jérusalem-est, sans escorte israélienne, pour marquer sa volonté de réactiver la solution à deux Etats. Mais du côté de Ramallah, c'est encore la défiance qui prévaut à l'égard de Washington. Les dirigeants palestiniens restent convaincus que le règlement du conflit n'est plus une priorité pour l'administration américaine, qui préfère poursuivre la ligne de normalisation entre Israël et les Etats sunnites, initiée par Donald Trump et qui devient de plus en plus nécessaire, à mesure que l'Iran se renforce dans la région.
La gestion du conflit qui a progressivement remplacé le processus de négociations au cours des huit dernières années, a permis de contenir la violence et d'assurer une forme d'assistance économique aux territoires palestiniens autonomes de Judée Samarie. Plus de 100.000 Palestiniens entrent quotidiennement travailler en Israël et font tourner les caisses de l'Autorité Palestinienne. Mais plus personne n'a de proposition réaliste qui permette de créer un Etat palestinien viable, tout en maintenant la sécurité des 450.000 Israéliens vivant dans les implantations de Judée Samarie. Sans compter l'entité séparée qui s'est forgée dans la Bande de Gaza, sous la coupe du Hamas dont il a expulsé l'Autorité Palestinienne, il y a tout juste quinze ans.
La récente affaire de la journaliste américano-palestinienne tuée à Djénine, alors qu'elle couvrait une opération antiterroriste de Tsahal n'a pas arrangé les choses, dans la mesure où le Département d'Etat américain n'a pas conclu à la culpabilité d'Israël, comme l'espéraient les Palestiniens, qui avaient fini par remettre la balle qui avait tué Shireen Abu Akleh à des émissaires américains. Sans oublier la crise politique en Israël et de nouvelles élections législatives en novembre, qui rendent hautement improbable toute relance d'un processus diplomatique par un gouvernement de transition.
Tous ces éléments mis bout à bout font que la visite de Joe Biden a peu de chances de marquer la reprise de négociations entre Israéliens et Palestiniens. D'ailleurs, même les deux populations n'y croient guère. Un sondage réalisé par l'institut palestinien de politique et d'enquête constate que 65% des Palestiniens sont en faveur de mesures destinées à rétablir la confiance avec Israël, mais qu'ils sont seulement 28% à soutenir une solution à deux Etats. De son côté, l'Institut pour la Démocratie en Israël constatait hier que 91% des Juifs et 68% des Arabes israéliens estiment qu'il y a peu de chances de voir un accord de paix israélo-palestinien signé dans les cinq ans qui viennent.
Pascale Zonszain
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