Les Israéliens face à la vie chère

Israël.

Les Israéliens face à la vie chère
(Crédit : DR)
36% de hausse pour le prix du pain. Evidemment, l'annonce a de quoi faire bondir. La ministre israélienne de l'Economie a pourtant obtenu un sursis jusqu'à la fin du mois avant que les producteurs et les distributeurs ne répercutent la hausse sur les consommateurs. Il faut dire qu'on parle d'un certain type de pain, dont le prix est contrôlé par l'Etat, et qui n'avait pas été révisé depuis plus de deux ans. Même scénario pour le prix des œufs, qui a augmenté de 6,5%, ce qui met l'unité à 1 shékel soit environ 34 centimes d'euro. Et les Israéliens ont aussi vu le litre d'essence grimper ce mois-ci de 4%. En août, ce sera au tour de l'électricité, qui fera un bond de plus de 9,5% et du lait qui devrait remonter de près de 5%. Tout cela commence à sérieusement alourdir la facture des ménages, alors que le coût du logement poursuit sa tendance à la hausse depuis plusieurs mois. D'abord, ce sont les loyers qui ont été touchés par des augmentations plus ou moins fortes selon les villes, allant de 5% jusqu'à parfois 30% dans certains quartiers de Tel Aviv. Et puis ce sont les emprunts hypothécaires qui ont grevé le budget des acquéreurs d'appartements avec la hausse des taux d'intérêt. Et il faudra ajouter dans quelques mois la hausse des tarifs de l'eau, qui vont être impactés par la hausse de l'électricité. Il ne faut pas oublier qu'en Israël, l'essentiel de l'eau est produit par des centrales de désalinisation d'eau de mer, très voraces en énergie. Israël est loin d'être le seul pays touché par la hausse du coût de la vie. La conjoncture mondiale y est pour beaucoup. La guerre en Ukraine, un des principaux producteurs mondiaux de céréales, a perturbé l'acheminement des stocks existants et va gravement compromettre la récolte estivale. Israël est dépendant de la production ukrainienne pour son blé, mais aussi pour le fourrage et les céréales utilisées dans l'élevage, avec des répercussions sur les produits laitiers et aviaires. Même problème pour l'énergie. Si Israël est autonome pour le gaz, en revanche il importe son pétrole, et aussi le charbon dont il dépend encore à 25%. Ces hausses des prix de l'énergie vont évidemment se répercuter sur l'ensemble de la chaine économique, puisqu'elles entraineront des hausses sur tous les coûts de fonctionnement et de production, qu'il s'agisse de l'industrie ou des services. L'indice des prix à la consommation publié le 15 juillet traduit une hausse de 4,5%, ce qui place le taux d'inflation israélien, en deçà de nombre d'économies développées, mais au-dessus des projections de la Banque d'Israël pour cette année. La Banque centrale israélienne qui a de son côté remonté ses taux d'intérêt directeurs, désormais à 1,25% et qui pourraient encore progresser d'1,5% d'ici la fin de l'année. Là, l'objectif est évidemment de freiner et si possible de faire baisser l'inflation, même au risque d'un début de récession. Les analystes de la Banque d'Israël estiment que l'inflation devrait continuer à grimper avant de revenir à 2% d'ici la fin 2023. Mais à la condition que le marché puisse se réguler sans nouvelle crise mondiale et là, les variables sont à peu près imprévisibles. Ce qui rend la marge de manœuvre du gouvernement encore plus limitée, alors qu'Israël est, faut-il le rappeler, en période électorale. Ce qui ne fait jamais bon ménage avec une politique d'austérité. Pascale Zonszain

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