Le nouvel enseignement du mépris, la chronique de Guy Konopnicki

France.

Le nouvel enseignement du mépris, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)
De la journée de commémoration des rafles de juillet 1942, je voudrais retenir l’émotion d’avoir entendu, au Vel d’Hiv, une fille de déporté juif, Elisabeth Borne, s’exprimer, au nom de la France, en tant que Première ministre. Je voudrais retenir, aussi, le discours prononcé le même jour par le président Emmanuel Macron, inaugurant, dans la gare de Pithiviers, un musée mémorial de la Shoah. J’ai pensé, en ces moments, aux longues années de batailles des survivants, contre l’effacement de la mémoire, dernière volonté des maîtres du IIIème Reich, qui ordonnèrent aux SS la destruction des preuves, sur les lieux même de leur crime contre l’humanité, à Auschwitz, Treblinka et Sobibor. J’ai pensé à notre solitude d’enfants juifs nés après la guerre, confrontés à la douleur que nos parents ne parvenaient pas à masquer, dans une époque pressée d’entrer dans une modernité amnésique. Combien de fois ai-je entendu cette réflexion, vous les juifs, vous ressassez toujours cette histoire, vous faites une fixation sur la guerre, les Allemands, Vichy, les rafles, les trains, les chambres à gaz… Oui, on nous disait cela, et il a fallu tant de batailles, pour que les 75 000 juifs arrêtés en France pour être livrés à l’Allemagne nazie prennent enfin toute leur place dans la mémoire nationale. Las ! Alors que la commémoration du 80ème anniversaire des rafles de l’été 1942 appelait l’unité de la nation dans le recueillement, il s’est trouvé des députés pour tenter d’instrumentaliser la mémoire en la déformant. Cette opération politicienne indigne ne mériterait pas que le mépris, si elle n’était accompagnée d’un tour de force, la suppression du mot juif, dans l’évocation de la rafle du Vel d’hiv. Il faut dire que madame Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, n’a jamais raté une manifestation d’hostilité à Israël, et qu’elle s’appuie, dans sa circonscription du Val de Marne, sur des associations proches de l’islamisme radical. Elle ne peut rendre hommage à des juifs. Monsieur Aymeric Caron quant à lui est un peu plus lisse, il s’est assis bien sagement pour écouter les discours devant le monument du Vel d’hiv. Cependant, Monsieur Aymeric Caron, quand il rend hommage aux victimes de la rafle du Vel d’hiv, ne peut dire qu’il s’agissait de juifs. Il peut prendre fait et cause pour les moustiques, les rongeurs, les batraciens et les coléoptères, mais les juifs, non, tout de même, pas les juifs. Olivier Faure lui-même s’y reprend à deux fois, dans un premier tweet, il avait cru bon d’évoquer les personnes de confession juive… Le premier secrétaire du parti socialiste n’a pas entendu parler de Léon Blum, dont on ne saurait dire qu’il était de confession juive, mais juif, poursuivi à ce titre par la haine de la droite nationaliste … Léon Blum, co-président du Comité socialiste international pour le foyer juif de Palestine, Leon Blum dont un kibboutz de Galilée porte le nom.  Ces gens qui parlent au nom de la gauche sont bien loin de Léon Blum. Ils ne peuvent prononcer le mot juif, parce qu’il est associé, pour eux, à une faute inexpiable, rien moins que le retour du peuple juif sur la terre d’Israël. Le grand historien Jules Isaac, auteur de manuels d’histoire que les nouvelles générations de responsables politiques n’ont pas connu, cela se voit, consacra les dernières années de sa vie au combat contre ce qu’il nomma L’Enseignement du mépris. Cette base historique de l’antisémitisme, l’ancien catéchisme, qui rendait les juifs responsables des souffrances et de la mort de Jésus Christ. Jules Isaac menait fut entendu, par le pape Jean XXIII, et l’église catholique révisa son catéchisme. Malheureusement, un nouveau catéchisme s’est imposé à gauche, niant aux juif leurs droits sur cette terre où les empereurs romains Vespasien et Titus avaient tenté de les faire disparaître avant d’effacer leur trace en détruisant le Temple de Jérusalem. Les juifs sont coupables d’être revenus sur cette terre que l’on appelé la Palestine, si bien que même en évoquant les crimes de l’Allemagne nazie et la complicité de l’État français, les députés Mathilde Panot et Aymeric Caron ne peuvent utiliser le mot juif. [playlist ids="167716"] Guy Konopnicki

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