Quand la Judée Samarie "s'implante" dans la campagne électorale

Israël.

Quand la Judée Samarie "s'implante" dans la campagne électorale
(Crédit : capture d'écran vidéo)
C'est une véritable logistique militaire qu'avaient mise en place les organisateurs de l'opération "avant-postes" qui a débuté mercredi en Judée Samarie. Communication sur les réseaux sociaux, points de rassemblement, acheminement par autobus, fournitures de tentes et de matériel de camping, consignes sur les effets à emporter pour tenir plusieurs jours sur place, stocks de nourriture et même jeux pour les enfants, rien n'avait été laissé au hasard. Au moins trois collines avaient été sélectionnées, près d'Ariel, de Ramallah et de Hébron, et des sites alternatifs avaient également été programmés, au cas où les premiers seraient rendus inaccessibles par les forces de sécurité. C'est l'organisation Nah'ala, dirigée par Daniela Weiss, une des figures du mouvement pour le peuplement de Judée Samarie, qui s'était chargée de monter l'opération, qui avait été précédée par une collecte de fonds, qui avait permis de réunir près de deux millions d'euros. On est donc très loin des actions improvisées ou décidées immédiatement après un attentat, sur le principe de la 'réponse sioniste' qui consiste à établir un nouveau point de peuplement comme riposte à une attaque terroriste palestinienne. Cette fois, il s'agit d'une action politique longuement murie, soutenue par les principaux rabbins du courant sioniste religieux, une campagne d'opinion destinée à mobiliser le public nationaliste et à faire pression sur le gouvernement pour relancer la construction dans les implantations. Les dirigeants de Judée Samarie avaient été déçus par l'action du gouvernement sortant, pourtant dirigé par le leader de Yamina, Naftali Bennett, qui avait par le passé milité pour le renforcement des implantations et qui avait même été le directeur général de Yesha, le conseil représentatif des Israéliens de Judée Samarie. Au printemps dernier, le ministre de la Défense Benny Gantz avait pourtant autorisé la planification et la construction de plusieurs milliers de logements derrière la ligne Verte, encore trop peu pour les élus locaux de Judée Samarie. L'opération lancée hier ne vise d'ailleurs pas à faire pression sur le gouvernement de transition désormais dirigé par Yaïr Lapid. Il semble clair que le Premier ministre centriste ne s'engagera pas dans une nouvelle série de constructions, qui ne feraient que lui ajouter des problèmes sur la scène diplomatique, en particulier avec l'administration américaine, et qui ne lui seraient d'aucune utilité politique, puisque ce n'est pas dans les implantations que se trouve l'électorat du parti Yesh Atid. Il s'agit donc bien pour les initiateurs de cette opération de peuplement sauvage de réveiller leur base et de mettre le dossier à l'ordre du jour de la campagne électorale, dans l'espoir que la construction en Judée Samarie deviendra une priorité pour le prochain gouvernement, qui sortira des urnes après le scrutin de novembre. La réponse tardive du ministre de la Défense, responsable de l'activité civile en Judée Samarie, qui n'a réagi que la veille pour rappeler que la création de points de peuplement sauvages était illégale et que les forces de sécurité, Tsahal et la police agiraient en conséquence, confirme que Benny Gantz, comme le reste du gouvernement, n'est pas vraiment focalisé sur ce qui se passe chez le public sioniste religieux. Reste à savoir si la construction dans les implantations trouvera sa place comme thème de campagne, entre la crise économique et la menace iranienne. Pascale Zonszain

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