Le bloc politique autour du Likoud donnerait-il des signes de fissure ? Depuis les législatives de mars 2019, Benyamin Netanyahou a pu compter sur le soutien indéfectible des deux partis orthodoxes, le séfarade Shas et l'ashkénaze Yaadut HaTorah. Si le Shas continue à s'aligner sans faillir derrière le Likoud, le parti orthodoxe ashkénaze, lui-même composé de deux factions, semble moins déterminé que par le passé. En cause, le leader de Degel HaTorah, Moshe Gafni, qui s'est déjà exprimé au cours des dernières semaines de crise politique sur un renouvellement de l'alliance stratégique avec le Likoud, pour laisser entendre que le parti conservateur serait bien inspiré de se choisir un nouveau leader. Le député orthodoxe et vétéran de la scène parlementaire israélienne craint en effet que Benyamin Netanyahou n'échoue une cinquième fois à former une majorité, ce qui obligerait les partis orthodoxes à rester dans l'opposition. Or, Gafni pense aux besoins de son secteur qui doit retrouver un accès aux finances publiques pour soutenir ses institutions. Et il a déjà envoyé des signaux indiquant qu'il pourrait le cas échéant entrer dans une coalition formée par exemple par l'union Bleu Blanc-Nouvel Espoir de Benny Gantz et Gideon Saar.
Et du côté de la droite nationaliste religieuse, la situation est encore plus tendue. Cela fait des jours que les deux figures de proue de Sionisme Religieux ne s'adressent plus la parole. Pour mémoire, Sionisme Religieux, c'est le regroupement de deux partis sous une même bannière : Union Nationale, dirigée par Betsalel Smutrich, et Noam, dirigé par Avi Maoz, connu pour ses positions homophobes. Et au scrutin de 2021, s'était joint à eux le parti Otsma Yehudit, dirigé par Itamar Ben Gvir, activiste ultranationaliste qui s'était fait connaitre dans les années 90, par son opposition virulente à Rabin et aux Accords d'Oslo. Sur le fond, Ben Gvir et Smutrich sont assez proches. Mais l'hyper-présence médiatique du premier et sa personnalité tonitruante efface celle du second. On a vu Itamar Ben Gvir de toutes les manifestations, installer son bureau dans le quartier de Sheikh Jarrah, se rendre régulièrement sur le Mt du Temple, ou haranguer les participants à la Marche des Drapeaux, mettant plus d'une fois le gouvernement et les services de sécurité dans l'embarras. Aujourd'hui, il estime que son bilan et sa popularité lui donnent légitimité à revendiquer la tête de liste commune et la moitié des mandats et positions parlementaires, là où Smutrich veut passer par des élections primaires, pour prendre en compte la diversité de l'électorat sioniste religieux et notamment son courant plus traditionnel. L'analyse de Smutrich, c'est que ceux qui soutiennent Ben Gvir dans ses happenings médiatiques, sont des électeurs du Shas, du parti orthodoxe ashkénaze ou du Likoud, et qu'ils rejoindront leur vrai parti au moment de glisser le bulletin dans l'urne. Seulement on n'en est peut-être déjà plus là. Et c'est ce que pense aussi Benyamin Netanyahou, qui leur a d'ailleurs posé un ultimatum : si les deux frères ennemis ne se mettent pas très vite d'accord, le Likoud fera campagne contre le plus faible des deux. Le parti conservateur avait longtemps rejeté Ben Gvir comme illégitime. Il l'a désormais intégré dans le paysage politique, lui permettant d'entrer à la Knesset. Et il va dépendre de lui pour avoir une majorité.
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Pascale Zonszain
Grincements dans le bloc Netanyahou
Israël.
Publié le 26/07/2022 à 09h19 - Par Gabriel Attal
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