Dans 15 jours exactement, les Israéliens vont retourner aux urnes. Pour la troisième fois en moins d'un an, ce nouveau scrutin s'annonce aussi serré que les deux précédents. Les acteurs sont les mêmes. Les forces en présence aussi. Et les sondages publiés à la fin de la semaine confirment qu'il est toujours impossible de dégager une majorité.
Un seul facteur nouveau est apparu depuis les élections législatives de septembre : la mise en examen de Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien a été inculpé de fraude, abus de confiance et corruption. Et il a renoncé à demander à la Knesset de lui accorder l'immunité procédurale, à laquelle la majorité des députés était d'ailleurs opposée. Hormis ce développement judiciaire, tout se poursuit sur les mêmes paramètres. Benyamin Netanyahou a même obtenu le renouvellement de la confiance de son parti, qui l'a reconduit à la tête du Likoud, et écarté son principal rival Gideon Saar. Et l'annonce de son inculpation est restée jusqu'à présent sans effet sur sa cote de popularité. Il devance toujours le leader centriste Benny Gantz, comme le plus apte à prendre la direction du prochain gouvernement. En revanche, le Likoud reste toujours devancé d'une courte tête par le parti Bleu Blanc.
La publication du plan de paix du président Donald Trump n'a pas non plus rebattu les cartes. Probablement parce que les deux grands partis, dont les dirigeants avaient été successivement reçus le mois dernier par le chef de la Maison Blanche, ont tous deux exprimé leur soutien de principe à la formule de règlement du conflit israélo-palestinien du président américain.
Le projet d'annexion des implantations de Judée Samarie n'aura pas plus changé la donne, puisque Benyamin Netanyahou a dû se soumettre aux pressions de Washington et renoncé à le mettre en œuvre avant les élections, et surtout avant de recevoir le feu vert expresse des Américains. Du même coup, cet enjeu perd lui aussi toute influence sur le déroulement de la campagne électorale.
En tout cas, le Premier ministre Likoud n'a pas pu en retirer tout l'avantage qu'il escomptait auprès de l'électorat nationaliste et religieux. Or, c'est ce segment du public qui est actuellement le plus convoité par les partis de droite et par les centristes, comme étant celui qui peut faire basculer l'issue du scrutin. Le parti Yamina, qui regroupe les quatre formations de la droite sioniste religieuse, sous la direction de Naftali Bennett, ne représente pas un public homogène. Et une partie de ces électeurs pourraient tout aussi bien voter pour le Likoud, voire pour le parti de Benny Gantz.
Chaque parti, à droite comme à gauche, va devoir d'ailleurs concentrer ses forces dans les deux semaines qui viennent sur sa propre base électorale, pour éviter leur éparpillement, mais aussi pour éviter l'abstention. Un taux de participation faible bénéficie aux petits partis, puisqu'il fait baisser le seuil de représentativité. Mais c'est aussi parce qu'une partie de la base électorale du Likoud n'était pas allée voter en septembre, que Benyamin Netanyahou s'était retrouvé en deuxième position derrière Benny Gantz. Si la campagne entre donc dans sa dernière ligne droite, c'est plutôt celle d'une course de fond, où les spectateurs sont presque aussi épuisés que les coureurs.
Pascale Zonszain
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