Emeutes de 2021 : pourquoi la police israélienne n'était pas prête

Israël.

Emeutes de 2021 : pourquoi la police israélienne n'était pas prête
(Crédit : Twitter)
Il n'est jamais agréable de se replonger dans les mauvais souvenirs, mais c'est souvent le seul moyen d'apprendre de ses erreurs et de ne pas les répéter. C'est l'objectif du rapport que le Contrôleur de l'Etat a publié cette semaine sur la réponse de la police  pendant les émeutes à l'intérieur des villes à population mixte juive et arabe, avant et pendant l'opération Gardien des Murailles de mai 2021. Sans surprise, le rapport a constaté l'impréparation des forces de l'ordre face au risque et à l'ampleur des violences qui avaient essaimé dans plusieurs localités comme Jaffa, Lod ou Akko, mais aussi en Galilée et dans le Néguev, alors que la police restait surtout focalisée sur ce qui se passait à Jérusalem. Pour mémoire, c'est au début du printemps 2021 que la tension avait commencé à monter dans la capitale, d'abord dans le quartier de Sheikh Jarrah, puis aux abords de la vieille ville, et enfin sur le Mt du Temple pendant le mois de Ramadan. La police israélienne avait ramené plus de la moitié de ses effectifs vers Jérusalem, et quand le climat a commencé à se dégrader dans d'autres régions, elle n'avait plus les personnels nécessaires. Et on a assisté à des incidents de plus en plus violents, déprédations, émeutes, tentatives de lynchage. A quoi, il fallait ajouter l'absence ou en tout cas le retrait déjà ancien des forces de l'ordre dans les localités arabes israéliennes et qu'il faut faire remonter aux émeutes d'octobre 2000, au début de la seconde intifada. A l'époque, on avait déploré 13 morts et depuis la police avait considérablement réduit sa présence afin de ne pas attiser les tensions avec la population. Mais le résultat a été de laisser se développer de véritables zones de non-droit à l'intérieur d'Israël. Si les précédents gouvernements avaient déjà mis en place des programmes de restauration de la sécurité et de réinstallation de stations de police, cela n'a clairement pas suffi. A Lod, il n'y avait plus que 25 policiers pour sécuriser la ville et qui ont été totalement débordés au plus fort des violences. Et il a fallu plus d'une semaine pour mobiliser des gardes-frontière réservistes en renforts. Le rapport du Contrôleur de l'Etat a donc pointé de graves carences, qui se sont soldées par plus de 500 foyers de violence, conduisant à 3200 arrestations, dont 240 Juifs et plus de 15 millions d'euros de dégâts. La police n'a pas non plus été en mesure d'anticiper, faute de renseignements efficaces. Le Shin Beth, les services de sécurité intérieure ont quant à eux mal analysé et sous-estimé la tendance qu'ils avaient pourtant repérée d'une montée des tensions dans le secteur arabe israélien, susceptible de déboucher sur des frictions entre population arabe et juive, mais avaient estimé que les incidents seraient sporadiques et que Jérusalem resterait le principal foyer de violence. Et le Shin Beth n'a pas non plus réussi à se coordonner suffisamment avec la police. Les constats du Contrôleur de l'Etat sont donc sévères, mais ne remettent pas en cause le travail accompli sur le terrain par les policiers, qui ont fait le maximum avec les moyens dont ils disposaient. Depuis un an, les pouvoirs publics ont déjà corrigé un certain nombre de carences, et comptent beaucoup sur la mise en place d'une garde nationale. Et on a déjà pu constater des améliorations dans l'action des forces de l'ordre durant le Ramadan sur le Mt du Temple et la lutte contre la vague de terrorisme du printemps dernier. [playlist ids="169934"] Pascale Zonszain

pzoom290722

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