Le nouveau pari des anciens chefs de Tsahal

Israël.

Le nouveau pari des anciens chefs de Tsahal
(Crédit : capture d'écran université Reichman d'Herzliya)
A moins de deux mois et demi des élections, les Israéliens ne sont pas encore vraiment repassés en mode politique. L'été tire à sa fin, avec des vacances sérieusement bouleversées par une nouvelle confrontation à Gaza et une hausse des prix générale qui incite plutôt à la morosité. Alors, dans ce contexte, l'entrée en politique de Gadi Eizenkot, n'a pas vraiment déchainé les passions. On attendait déjà l'ancien chef d'état-major au scrutin du printemps 2021, mais il n'avait pas encore tout à fait achevé sa période de transition entre le militaire et la vie publique. Mais depuis la crise parlementaire du mois de juin et la dissolution de la Knesset, Eizenkot était l'objet de toutes les attentions des partis politiques qui espéraient mettre la main sur cette prise de choix. Même si le dernier chef d'état-major de Tsahal à avoir été Premier ministre a été Ehud Barak en 1999, et le seul autre à part lui a été Itzhak Rabin, les anciens commandants des forces de défense restent très convoités par la classe politique israélienne. Ces généraux sont perçus comme des leaders naturels, habitués au commandement, familiers des enjeux stratégiques et donc prêts à passer de la tête de l'armée à celle du pays. Ils donnent aussi un supplément de légitimité au parti qu'ils rejoignent en lui ajoutant une caution d'expérience militaire. Beaucoup sont en effet devenus chefs de parti, députés, ministres, mais certains avec des parcours plutôt météoriques. Qui se souvient encore que l'alliance fondée par Yaïr Lapid, il y a moins de quatre ans, sous les couleurs Bleu Blanc, comprenait pas moins de trois anciens chefs d'état-major : Benny Gantz, mais aussi Moshe Yaalon et Gabi Ashkénazi ? Benny Gantz, le seul à avoir survécu politiquement, avait même formé un éphémère gouvernement de rotation avec Benyamin Netanyahou, auquel il était censé succéder au fauteuil de Premier ministre. Et voilà qu'aujourd'hui, il estime que ses chances politiques de gagner enfin la tête du gouvernement seront renforcées s'il s'allie celui qui lui avait succédé à la tête de Tsahal. Certains avant eux, qui se sont heurtés à la dure réalité politique, ont appris à leurs dépens que leur passé militaire ne les avait pas préparés à l'épreuve. D'autres ont réalisé que le prestige ne suffisait pas à combler une carence en idéologie. D'autres enfin, ont préféré intégrer un parti existant plutôt que de fonder le leur. C'est le cas de Gadi Eizenkot, qui a probablement appris des erreurs de débutant de son ami Benny Gantz. Mais l'ancien général de Tsahal va devoir rapidement convertir son crédit militaire en actions civiles, ce qui devra passer notamment par certaines prises de position claires. Où Gadi Eizenkot se place-t-il par rapport au centre-droite de Gantz et à la droite idéologique de Gideon Saar et de Matan Kahana, alors que l'ancien chef de l'armée israélienne a toujours estimé que l'absence de règlement du conflit avec les Palestiniens représentait la plus grave menace pour l'avenir d'Israël ? Et que dit-il d'une coalition avec le Likoud dirigée par Benyamin Netanyahou ? Ses nouveaux partenaires s'y opposent et on peut penser que lui aussi. Cela ne fait qu'une semaine que Gadi Eizenkot est entré en politique. Sera-t-il celui qui fera pencher la balance vers une droite modérée qui reformerait un bloc majoritaire sans le Likoud ? Pour l'instant, c'est surtout à Yaïr Lapid que l'alliance Gantz-Saar-Eizenkot prend des électeurs, sans qu'aucun bloc ne passe le seuil critique des 61 mandats. Pascale Zonszain

pzoom220822

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