Tramway, Shabbat et élections

Israël.

Tramway, Shabbat et élections
Merav Michaeli, dirigeante du Parti Travailliste (Crédit : capture d'écran Facebook)
Ce n'est encore qu'une éventualité théorique, et déjà l'annonce a mis le feu aux poudres. Merav Michaeli a déclenché une levée de boucliers des partis religieux en demandant à l'opérateur du tramway de Tel Aviv, encore en cours de construction, d'étudier la possibilité de le faire fonctionner sept jours sur sept, autrement dit aussi le jour du Shabbat. A priori, cette option ne devrait pas susciter de polémique dans la métropole côtière, considérée comme un bastion laïc. Sauf que la future ligne de tramway, qui doit être opérationnelle fin novembre et qui relie la ville à plusieurs de ses banlieues, doit aussi desservir la localité voisine de Bnei Brak, à population majoritairement ultra-orthodoxe. L'argument de la ministre des Transports, qui est également la dirigeante du parti Travailliste, est que le fonctionnement du tramway le samedi permettra d'influer positivement sur le coût de la vie dans la région du Gush Dan. Pour les résidents qui n'ont pas de voiture, le seul mode de déplacement pendant le Shabbat reste le taxi. "Il est temps de mettre un terme à ce blocus", affirme la ministre, qui précise qu'elle avait déjà soumis cette proposition il y a un an, mais que la composition du gouvernement de rotation, alors sous la direction de Naftali Bennett, n'avait pas permis d'aller plus loin. La ministre Travailliste espère donc qu'avec Yaïr Lapid à la tête de l'exécutif, il lui sera plus facile de faire avancer son projet. C'est encore le statu quo qui remonte à l'époque de Ben Gourion qui régit en Israël le statut du Shabbat. Les lignes de bus urbaines et interurbaines, tout comme les liaisons ferroviaires s'interrompent le vendredi après-midi pour ne reprendre que le samedi soir. Avec quelques exceptions locales, à l'initiative de certaines municipalités, ce principe de l'arrêt des transports publics est largement respecté. Même la compagnie aérienne nationale El Al ne fait pas voler ses avions pendant le Shabbat. En mettant en place ce modus vivendi avant la création de l'Etat, Ben Gourion s'était assuré du soutien tacite des leaders orthodoxes, qui ne s'opposeraient pas à l'indépendance. Et depuis, ce statu quo a permis des coalitions politiques, de droite comme de gauche, avec les partis religieux. Mais le sujet n'a rien perdu de son potentiel explosif, surtout en période électorale. Merav Michaeli sait parfaitement qu'elle vient d'agiter un chiffon rouge devant les élus religieux, mais ce faisant, la leader Travailliste se positionne aussi pour le scrutin de novembre en prenant la main et en essayant de regagner les faveurs de l'électorat de la classe moyenne de Tel Aviv, qui a déserté son parti au profit des formations centristes, comme celle de Benny Gantz et surtout de Yaïr Lapid. Il faut dire que le parti Travailliste n'aborde pas le scrutin de novembre dans les meilleures conditions. Crédité de tout juste 5 mandats dans les intentions de vote, il vise de plus en plus le même électorat que le parti Meretz – qui lui, plafonne à 4 - alors que les deux partis doivent encore décider s'ils retentent une alliance pour les législatives. Reste à voir si ce ballon d'essai du tramway le Shabbat suffira à faire décoller la campagne travailliste. [playlist ids="173246"] Pascale Zonszain  

pzoom250822

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