France-Algérie : les dossiers qui fâchent de la relation bilatérale

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France-Algérie : les dossiers qui fâchent de la relation bilatérale
(Crédit : DR)
Emmanuel Macron n’aura eu de cesse de vouloir réanimer la versatile relation bilatérale avec Alger. L’invitation d’Abdelmadjid Tebboune lui a donné raison. Le chef de l’État s’est envolé en Algérie du 25 au 27 août avec une délégation comptant notamment sept ministres et une vingtaine de parlementaires.  Dans les arcanes du pouvoir algérien, où l’on s’agace souvent de la France, on laisse entendre qu’une visite plus discrète - et surtout sans le Grand Rabbin de France - aurait suffi. Depuis ce matin les Algériens peuvent être satisfaits : le Grand rabbin, positif au Covid, ne viendra pas, lui qui a subi une vague d’hostilité qualifié même d’agent sioniste à la solde de l’Etat d’Israël. Officiellement l’Algérie est toujours en guerre contre Israël. Emmanuel Macron peut compter toutefois sur le soutien à ses manœuvres de son homologue Abdelmajid Tebboune, avec lequel le courant passe bien. Pourtant, il faudra bien plus qu’une visite pour enclencher une nouvelle dynamique. D’abord parce qu’une année de crises, l’annulation d’une réunion de haut niveau entre ministres des deux pays à Alger, les coupes dans les visas octroyés aux Algériens, ou encore les propos d’Emmanuel Macron sur un «système politico-militaire fatigué» a laissé des traces. Epineux, le dossier des Algériens en situation irrégulière en France reste pour Paris  un sujet de préoccupation majeur. Si d’aventure, l’Algérie ne les reprenait pas, ils ont un effet sur la délinquance et le risque terroriste selon une source française. Le sujet avait donné lieu à une bataille de chiffres (le président algérien avait opposé le chiffre de 94 ressortissants clandestins aux 7000 avancé par Gérald Darmanin, l’accusant même de «mensonge». Ambiance. Le taux d’expulsions au premier semestre 2022 avait toutefois progressé: sur 1600 demandes de laissez-passer consulaires, 300 ont été accordés.  Ces progrès dans la coopération ont eu un effet direct sur le nombre de visas. Mais le rythme des reconduites à la frontière n’a pas encore retrouvé celui de 2019 (un peu plus de 1500 sur l’année contre 28 en 2021). Par ailleurs, Paris aimerait aussi qu’Alger participe un peu plus activement à l’identification des quelque 4000 mineurs non accompagnés se trouvant sur le territoire français. 

Rompre avec l’ère Bouteflika 

Les propositions françaises se font rares  pour dépasser les conflits, pour renouer le dialogue. Au plus fort de la crise, plus personne ne voulait recevoir ni même parler aux Français. Seuls les séjours de Le Drian (ex-ministre des Affaires étrangères) avaient réussi à réchauffer la relation. Mais sur le fond, rien ne bouge. Du coté  algérien, le discours est permanent : la France n’a toujours pas compris qu’ elle devrait pas s’afficher avec des relais de l’ère Bouteflika qui freinerait encore les reformes. Il  faut dire que même la coopération sécuritaire jadis très bonne, s’est dégradée et a favorisé les malentendus des deux côtés.

Le cas du Mali 

Les malentendus en ce qui concerne le Mali en sont une illustration. Selon des milieux diplomatiques, La France ne comprend pas ce qu’Alger attend d’elle. Elle penserait que l’Algérie se réjouit que Wagner (les milices russes) prenne la place des Français au Mali. Mais les Algériens ont réaffirmé leur position : imposer une solution militaire, quelle qu’elle soit, française ou russe, aggrave le chaos selon une source diplomatique algérienne.  Une délégation du Medef au mois de mai en Algérie a été également un fiasco. Une fois de plus  les tentatives françaises de ménager le partenaire algérien historique du Medef ont été mal perçus. Les rendez-vous des patrons français ont été annulés et avaient déclenché le départ anticipé de Geoffroy Roux de Bézieux le président du Medef. «Alors que la France est agressée dans ses ex-colonies en Afrique, l’Algérie lui dit qu’elle sera toujours la bienvenue, à condition de comprendre que les équilibres du pouvoir », selon une source proche de la présidence à Alger citée par Le Figaro. Pour Alger la balle est dans le camp des Français: c’est à eux de saisir cette opportunité historique de créer une nouvelle relation économique et politique. Michel Zerbib

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