Avec tout le respect que l'on doit au dossier du nucléaire iranien, ce qui préoccupe vraiment les Israéliens ces jours-ci, c'est le conflit social qui oppose les enseignants au gouvernement. Un conflit qui n'a pourtant surpris personne. Le dernier accord salarial entre l'éducation et le gouvernement était arrivé à expiration en 2019 et les élections successives, mais aussi la crise du Covid, avaient repoussé sa renégociation. Cette fois, les deux syndicats d'enseignants ont tapé du poing sur la table et fixé un ultimatum : un nouvel accord ou pas de rentrée scolaire.
Les revendications portent sur le mode et le niveau de rémunération des jeunes enseignants et de leurs collègues plus expérimentés. Et aussi sur une synchronisation des congés des enseignants avec celles des parents salariés. De son côté, le ministère des Finances veut introduire un système de rémunération au mérite, qui ne soit plus automatiquement indexé sur l'ancienneté, de façon à encourager l'excellence des professeurs. Ce qui ne résout pas un problème majeur : celui du manque d'enseignants, entre 5 et 6.000, alors que le système est aussi confronté aux départs croissants des jeunes professeurs. Dans la plupart des établissements les classes sont d'ailleurs déjà surpeuplées, ce qui rend la tâche des enseignants encore plus compliquée et porte atteinte à la qualité pédagogique. Sans oublier que la pandémie a laissé des traces. Les confinements et la fermeture des établissements scolaires ont obligé profs et élèves à se rabattre sur les cours en distanciel, avec les dégâts que l'on a pu constater pour l'apprentissage des plus petits, mais aussi les problèmes d'attention et de sociabilité chez les ados. Des problèmes qui ne sont évidemment pas spécifiques à Israël, loin d'être le seul pays à être confronté à la crise de son système éducatif et à un sérieux déficit d'attractivité pour son personnel enseignant. Au milieu des revendications sociales, la ministre de l'Education, Yifat Shasha-Biton escompte aussi mettre en œuvre sa réforme sur l'enseignement de l'histoire, de l'instruction civique, de la bible et de la littérature, qui vont exiger plus de travail de recherche de la part des élèves, sans que les professeurs aient eu le temps de s'y préparer.
Tout cela fait donc beaucoup, dans un contexte politique compliqué. Le ministre des Finances est à la manœuvre sur la partie négociations salariales et ne veut voir personne interférer. Il faut dire qu'Avigdor Liberman est également le leader du parti Israël Beitenou et qu'il pense à sa campagne électorale. Ce qui vaut aussi pour la ministre de l'Education, qui appartient au parti de Gideon Saar, désormais allié à Benny Gantz et qui a opté pour le camp des profs contre celui du gouvernement. Quant au Premier ministre, Avigdor Liberman l'a donc tout bonnement empêché de prendre un arbitrage. Pourtant, laisser pourrir la grève n'est pas une option pour Yaïr Lapid. A quelques semaines des élections, il n'est jamais bon d'apparaitre comme impuissant à régler un conflit social.
Cela dit, même si un compromis est conclu, il ne pourra tenir que jusqu'à la fin de l'année. Sans budget pour 2023, qui ne pourra être voté que par la prochaine Knesset, c'est un chèque partiellement sans provision que signera le ministre des Finances, avec le risque que le conflit se rouvre dans quelques mois, face au nouveau gouvernement, quel qu'il soit.
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Pascale Zonszain
Rentrée scolaire ou rentrée sociale
Israël.
Publié le 30/08/2022 à 09h22 - Par Gabriel Attal
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