Rentrée 2022, la variole du singe, attention danger, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Rentrée 2022, la variole du singe, attention danger, la chronique du docteur Serge Rafal
J’ai consacré en juin une rubrique à cette flambée d’infections à virus monkeypox, partout dans le monde alors qu’elles restaient habituellement cantonnées à l’Afrique de l’Ouest (Bassin du Congo et Nigéria) et même si quelques malades extra-continentaux avaient déjà été identifiés ça et là. L’épidémie a disséminé partout dans le monde, touchant assez rapidement plus de 35 000 personnes dans 74 pays et entrainant plusieurs dizaines de décès. Elle est arrivée en mai en Europe, a touché à ce jour près de 3000 personnes en France. La majorité des malades étaient et sont des hommes, de 35 ans de moyenne d’âge, qui fréquentent des lieux fort conviviaux de rencontres masculins. La variole du singe est endémique sur ce continent, abusivement dénommée variole du singe, en raison de ses symptômes qui y font penser. Le tableau clinique est celui d’un syndrome pseudo-grippal avec de la fièvre et une éruption vésiculo-pustuleuse puis croûteuse, qui disparaît spontanément en 2 à 3 semaines. L’homme, principalement dans les zones forestières, se contamine dans 2/3 des cas au contact de rongeurs ou de singes infectés, les principaux réservoirs de la maladie. Et dans 1/3 des cas, cette contamination est interhumaine, les enfants sont d’ailleurs volontiers touchés. La mortalité est faible, entre 1 et 10%, liée généralement à une surinfection bactérienne, lorsque la prise en charge est tardive, dans des zones difficiles d’accès. La singularité de l’épidémie actuelle est qu’elle concerne des adultes en zone urbaine et que les lésions sont presque toutes génitales, ce qui renseigne sur le mode de transmission. La contamination d’après le NEJM se ferait dans 95% des cas lors d’un rapport sexuel, le nombre de partenaires accroit évidemment le risque.  Ce qui fait l'inquiétude des pouvoirs publics et de l'OMS est le parallèle avec le VIH bien sûr. Et aussi parce qu’on pense que le virus pourrait avoir muté, ce qui faciliterait sa propagation interhumaine. Et une QS, loin d’être anecdotique se pose : l’homme peut-il transmettre en retour aux animaux, qui deviendraient alors des réservoirs potentiellement dangereux de contamination ? On a récemment décrit à Paris la transmission du virus d’un couple d’hommes à leur lévrier, mais sans qu’il développe la maladie. Et enfin, on ignore actuellement si des personnes infectées mais asymptomatiques, peuvent néanmoins transmettre la maladie. De nombreuses recherches entreprises partout dans le monde devraient très vite nous éclairer et souhaitons-le nous rassurer.  Le vaccin contre la variole n’est pas spécifique de celle du singe mais il pourrait conférer un certain niveau de protection. Des polémiques ont eu lieu à propos des difficultés pour se faire vacciner en France, ce qui également été le cas à NY, épicentre de l’épidémie où on a reproché aux autorités un manque d’anticipation, une lourdeur administrative et l’absence de doses suffisantes. Ca ne vous rappelle rien ? La machine s’est fort heureusement mise en marche, malgré les vacances, puisque plus de 50000 personnes sont à présent vaccinées sur un total de 250 000 estimées à risques (hommes et trans déclarant des relations multiples, travailleurs du sexe, professionnels exerçant dans des lieux de rencontres). « Si l’homme descend du singe, il peut aussi y remonter » nous dit le génial Buster Keaton dont la parole était rare. Espérons que cette épidémie de variole simiesque fera de même et n’empruntera pas les chemins du VIH auquel elle peut par certains points faire penser. Ca devrait être le cas. https://youtu.be/w9bMA2cjGYQ Docteur Serge Rafal

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