Si la Russie bouge en Syrie, quels effets pour Israël ?

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Si la Russie bouge en Syrie, quels effets pour Israël ?
(Crédit : capture d'écran Twitter)
C'était il y a environ deux semaines. Des images satellites révélaient que la Russie avait retiré une de ses batteries de défense aérienne S300 installée au nord de la capitale syrienne, pour la réembarquer le 17 août sur un navire à destination de la Russie. Evidemment, la déduction immédiate était que l'armée russe avait besoin de cet équipement pour regarnir son dispositif face à l'Ukraine. A partir de là, les suppositions ont commencé à circuler. La Russie allait-elle devoir renoncer à son déploiement en Syrie, où elle avait envoyé des troupes et des batteries aériennes en 2015 à la demande de Bashar al Assad, pour aider le dictateur syrien à reprendre la maitrise de son pays, déchiré par la guerre civile ? Son invasion russe en Ukraine était-elle à ce point compromise qu'elle devrait abandonner sa présence au Proche-Orient ? Un article paru en fin de semaine dernière dans le journal Asharq al Awsat semblait étayer cette thèse. Selon le quotidien londonien en langue arabe, des officiers russes auraient rencontré des émissaires iraniens en Syrie pour leur demander d'évacuer plusieurs zones du centre et du nord de la Syrie. Ils auraient notamment réclamé le déplacement du QG iranien situé près d'une importante base de l'armée syrienne qui héberge du matériel russe, mais aussi d'un site proche du port de Tartous, dont on sait qu'il est devenu une base navale de l'armée russe sur la côte syrienne, lui assurant une position stratégique en Méditerranée orientale. Et la Russie craindrait que la proximité iranienne n'en fasse une cible pour des frappes israéliennes. Cela signifie-t-il que le Kremlin aurait bien l'intention d'alléger son dispositif en Syrie ? Pour Israël, ce serait évidemment une bonne nouvelle, dans la mesure où le contrôle russe de l'espace aérien syrien limite sa marge de manœuvre contre des objectifs iraniens. Mais la Russie n'a finalement que peu de troupes en Syrie, où elle a surtout déployé du matériel et des experts, notamment pour le fonctionnement de ses batteries de défense aérienne les plus sophistiquées, qu'elle n'a pas laissées entre les mains de servants syriens. D'un autre côté, la Russie ne tient pas tant que ça à se fâcher avec l'Iran en Syrie, alors qu'elle a besoin de lui sur d'autres fronts. D'abord parce que l'armée russe achète des drones à l'Iran pour sa guerre en Ukraine. Et aussi parce que Moscou a besoin de Téhéran pour contourner les sanctions internationales, surtout si l'Iran obtient la levée des sanctions qui le visent, en cas de signature du nouvel accord international sur son programme nucléaire. Dans cette optique, les pressions de Moscou sur Téhéran dans le dossier syrien devraient donc restées assez limitées. Par ailleurs, le régime syrien, s'il a repris le contrôle de 70% de son territoire, a toujours besoin de ses alliés et en particulier de l'Iran. La question étant : jusqu'à quel point Assad peut-il freiner les appétits de Téhéran, qui ferait bien main basse sur toute la Syrie. Mais il semble pourtant que le président syrien ait réussi à poser certaines limites : dont celle d'empêcher l'Iran d'attaquer Israël depuis son territoire, notamment depuis le versant syrien du Golan. Ce qui expliquerait que l'Iran préfère viser des objectifs américains en Syrie, et que les Etats-Unis de leur côté ripostent contre l'Iran également en Syrie, mais en veillant à ne pas amorcer d'escalade. Il y a donc quelques pièces qui bougent sur l'échiquier syrien, mais rien qui justifie encore pour Israël de modifier ses méthodes de frappes contre l'Iran. Pascale Zonszain

pzoom070922

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