La zone grise des services de sécurité palestiniens

Israël.

La zone grise des services de sécurité palestiniens
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Crédit: DR)
Yaïr Lapid a été clair : le fait que l'un des deux terroristes qui ont tué le commandant Bar Falakh dans la nuit de mardi à mercredi ait appartenu au service de renseignements de l'Autorité Palestinienne marque une nouvelle escalade. Et le Premier ministre israélien a assuré que les services de sécurité d'Israël n'hésiteraient pas à agir, là où l'Autorité Palestinienne est défaillante à maintenir l'ordre. Ce constat de défaillance du régime de Mahmoud Abbas n'est pas nouveau, mais dans le contexte sécuritaire de ces derniers mois, il devient plus préoccupant. A la suite des accords d'Oslo de 1993, le régime d'autonomie accordé aux Palestiniens s'est notamment traduit par la mise en place d'une série d'institutions de police et de sécurité intérieure qui opèrent dans les territoires autonomes. Le plus important, avait été les services de sécurité préventive, inspirés du Shin Beth israélien, et dont la mission était de préserver la stabilité du régime et de prévenir le terrorisme, mais on les a retrouvés dans le camp terroriste sur ordre de Yasser Arafat, durant la seconde intifada. Et en 2007, le renversement du Fatah par le Hamas dans la Bande de Gaza, avait fait disparaitre ces services de sécurité préventive du territoire côtier, remplacés par des institutions loyales à l'organisation palestinienne islamiste. Dans les territoires autonomes de Judée Samarie sous le contrôle de Mahmoud Abbas, ces services de sécurité préventive existent toujours, mais dans une version très affaiblie. Quant aux autres services – police civile et judiciaire, renseignement, ou sécurité présidentielle – ils sont également tous sous la tutelle du chef de l'Autorité Palestinienne. En ce qui concerne la coordination sécuritaire avec Israël, qui fait partie des Accords d'Oslo, elle a connu des hauts et des bas depuis bientôt trente ans, mais elle reste encore vitale pour Mahmoud Abbas dans la mesure où elle consiste à freiner la montée en puissance du Hamas, première menace contre son régime. Ce qui ne l'empêche pas d'annoncer périodiquement la fin de la coopération avec Israël, quand il sent que cela peut le servir auprès de son opinion. Il y a quelques jours, ce sont pourtant le responsable des services de sécurité palestiniens, Madjid Faradj, et le proche conseiller du chef de l'Autonomie, responsable de la coordination avec Israël, Hussein al Sheikh, qui ont rencontré de hauts responsables de Tsahal et du Shin Beth, pour tenter de trouver un moyen de faire redescendre la tension. Mais les deux camps n'ont pas réussi à s’entendre : les Palestiniens accusent Israël d'affaiblir l'Autonomie en opérant dans les agglomérations palestiniennes et les Israéliens accusent les dirigeants palestiniens de ne pas faire leur travail. Et il faut encore relier tout cela à la situation interne palestinienne. L'an dernier, étaient censées se tenir des élections législatives et présidentielle palestiniennes, pour la première fois depuis plus de quinze ans. Mahmoud Abbas avait annulé les deux scrutins, accusant Israël de ne pas autoriser l'ouverture de bureaux de vote à Jérusalem. Mais ce nouveau report a encore creusé le déficit de légitimité intérieure de Mahmoud Abbas, de surcroit leader vieillissant. Israël doit donc trouver l'équilibre entre protéger sa population et éviter de précipiter la chute de l'Autorité Palestinienne, qui servirait le Hamas, mais aussi le chaos. [playlist ids="177484"] Pascale Zonszain

pzoom150922

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