Que faire face à une cystite récidivante ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

Que faire face à une cystite récidivante ? La chronique du docteur Serge Rafal
Si le traitement de la cystite est en principe simple et bien codifié, celui des récidives est plus compliqué mais a bénéficié récemment de nouvelles recommandations dont je souhaitais faire profiter nos auditrices… même si les Mrs ne sont pas totalement à l’abri, loin de là, de ces ennuis urinaires. Cette infection bactérienne urinaire est en réalité d’origine vésicale d’où son nom de cystite, dont l’étymologie est latine. Elle est comme vous l’avez dit très fréquente puisqu’elle touche 1 femme sur 2 au cours de son existence avec 2 pics, l’un au début de l’activité sexuelle, l’autre au moment de la ménopause. Son incidence annuelle est de 30% dans la tranche féminine 25-40 ans. Elle est effectivement généralement peu grave, incommodante ou douloureuse, récidivante dans 10% des cas. Elle peut altérer la qualité de vie en perturbant la sexualité du couple ou simplement le quotidien. On parle de cystite récidivante lorsque surviennent 4 épisodes dans l’année, séparés par un intervalle libre de qqs semaines, ce qui concerne environ 1 patiente sur 10 et distingue la récidive d’une rechute. Il s’agit d’une colonisation bactérienne de la vessie à partir des germes du côlon, principalement des colibacilles (85% des cas)… dont il existe 150 types différents. Les germes proviennent de la zone péri-anale, ils colonisent le vagin puis remontent le long de l’urètre, le conduit qui va vers la vessie, à ne pas confondre avec l’uretère qui descend du rein. Ils se multiplient ensuite dans la vessie en se fixant à la muqueuse. Outre le colibacille, on peut retrouver à l’ECBU, d’autres bactéries (Staphylococcus saprophyticus, Proteus, Klebsielles). Elle débute de façon plus ou moins brutale, généralement par une augmentation de la fréquence mictionnelle, associée à des urgenturies de faibles quantités d’urine et des brûlures. Elle peut également se manifester par une sensation de pesanteur, des crampes, des douleurs parfois intenses dans le bas-ventre, des urines troubles dégageant une odeur inhabituelle, parfois des traces de sang (hématurie). Il n’y a habituellement pas de fièvre. L’examen clinique est normal. Chez la femme jeune, les 1ers rapports, une sexualité active, l’usage de lubrifiants et de spermicides, une constipation opiniâtre. Chez la femme plus âgée peuvent s’ajouter la sécheresse vaginale, une atrophie tissulaire. Chez l’homme, c’est quasiment toujours un souci prostatique. Mais bien souvent, on ne trouve aucune cause, ce qui ne doit pas empêcher de rechercher un calcul rénal, un polype ou une maladie du col vésical de la vessie, si l’infection est récidivante. La cystite se traite par antibiotiques en dose unique, beaucoup de dames connaissent l’association fosfomycine-trométamol ou Monuril°. C’est le traitement de 1ère intention. Si c’est insuffisant, c’est 3 jours d’un autre antibiotique type furadantine ou pivmécillinam. La pyélonéphrite, complication rare mais potentiellement grave puisqu’elle signe une infection du rein, nécessite elle un traitement antibiotique ciblé de plusieurs jours et parfois l’hospitalisation. Il existe plusieurs mesures préventives : - Boire beaucoup d’eau, 1 litre ½ par jour, - Respecter les mesures d’hygiène, ni trop, ni trop  peu : utiliser un gel lavant doux, sans savon agressif, en écartant les gels intimes parfumés, en évitant les douches et irrigations vaginales, - Faire attention aux gels spermicides, - Ne pas se retenir d’uriner, en particulier avant et après les rapports, - Porter des vêtements de coton plutôt que synthétiques, - Et enfin, un conseil de bon sens, très efficace : s’essuyer après la selle, d’avant vers l’arrière et pas l’inverse, pour des raisons facilement compréhensibles.  Des produits naturels sont intéressants, une plante, la canneberge, empêche le colibacille de s’accrocher à la paroi vésicale. Elle peut être proposée sans risques à la dose de 36 mg/jour mais n’est efficace que dans la moitié des cas tout comme un sucre simple, le D-mannose. Des probiotiques locaux peuvent également constituer une alternative aux antibiotiques. « Va te faire foutre, urine puante de ma jeunesse » écrit Milan  Kundera dans sa biographie. Puante et peut-être infectée, la cystite est pourtant facile à prévenir et à traiter dans la majorité des cas, mais volontiers à rechutes. Ces quelques conseils devraient en limiter l’apparition ou les récurrences afin d’éviter la noria des antibiotiques dont nous connaissons et déplorons les résistances malheureusement de plus en plus fréquentes. https://youtu.be/kXykrEIuAOo Docteur Serge Rafal

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