Les responsables de la communauté juive sont nombreux à ne pas réagir publiquement pour l’instant, mais la perspective de ce nouveau gouvernement, le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale en déconcerte beaucoup.
Le bond du parti « Frères d’Italie » dans les urnes est spectaculaire, il est passé de 4% des suffrages il y a 4 ans à plus de 26%. Cette situation politique renvoie à l’époque où l’Italie était l’allié le plus fidèle d’Hitler en Europe. Dans une interview accordée à la Jewish Telegraphic Agency, le président de l’organisation de la jeunesse italienne David Fiorentini confie que l’inquiétude est palpable. Il faut dire que ses premiers pas politiques, la première ministre italienne élue les a fait au MSI, le parti néofasciste fondé en 1946 par des collaborateurs d’Hitler et de Mussolini. Et si Giorgia Meloni n’en fait plus parti aujourd’hui, sa formation utilise un logo identique, une flamme tricolore.
« Fratelli d’Italia » compte malgré tout quelques juifs dans ses rangs, comme Ester Mieli, ancienne porte-parole de la communauté juive de Rome, et petite-fille d’un survivant d’Auschwitz. Interrogée à ce propos, elle a affirmé que chaque candidat ne se représente que lui-même et pas la communauté à laquelle il appartient. En modérant une partie de sa rhétorique extrémiste, le parti de Meloni a réussi à persuader des partis de droite modérés de former une coalition. Mais certains facteurs restent immuables, la devise de « Frères d’Italie » est « Dieu, la Patrie, la Famille », et la formation s’oppose au mariage et à l’adoption pour les homosexuels, à l’avortement, et défend la culture chrétienne de l’Europe, pas judéo-chrétienne, mais chrétienne uniquement comme le rappelait ce matin l’historienne spécialiste du fascisme italien Marie-Anne Matard Bonucci au micro d’Eva Soto sur Radio J. Un des députés nouvellement élu du parti a fait l’éloge sur sa page facebook d’Hitler en tant de « grand homme d’Etat », une fois l’affaire révélée par la presse, les instances de « Fratelli d’Italia » ont prix leurs distances avec lui, mais ne l’ont pas exclu.
Selon l’auteur et ancien membre du Conseil d’administration de la communauté juive de Milan interrogé dans le Jerusalem Post, certains Juifs italiens sont prêts à ignorer que les dirigeants d’extrême-droite sont dit-il « intrinsèquement fasciste », si ces mêmes partis se disent inconditionnellement alignés sur Israël. La future Première ministre Giorgia Meloni a affirmé être profondément attaché à la sécurité d’Israël « seule démocratie au Proche-Orient », qualifiant même l’existence de l’Etat Juif de vital. Mais en 2014, elle avait félicité le Hezbollah pour avoir « défendu les chrétiens », elle avait aussi dénoncé « un autre massacre d’enfants à Gaza » la même année. Ce n’est qu’après l’installation du nouveau parlement à la mi-octobre qu’elle sera probablement nommé par le président italien pour former un gouvernement et nommer ses ministres.
ES (d'après Radio J et le Jerusalem Post)
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