Faisons le point sur la migraine, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Il s’agit d’une maladie en règle peu grave et fréquente, frappant environ 12% de la population adulte, 2 dames pour 1 homme. Elle entraîne un mal de tête particulier, la crise de migraine, souvent bénigne et inconfortable, parfois très handicapante, qui cède généralement en moins de 48h… avec ou sans traitement. Très internationale, uniformément répartie sur la planète, touchant 1 milliard de personnes, n’épargnant aucun pays alors qu’on l’a longtemps imaginée plutôt réservée aux pays nordiques et tempérés. La migraine est donc indépendante de la géographie, de l’environnement, des conditions sociales. Longtemps négligée par les pédiatres et mal comprise par les parents, elle constitue un des problèmes de santé majeurs des enfants avec une fréquence notable : 2-4% avant 5 ans, 10% à 12 ans. Ca monte ensuite avec un pic atteint vers 30 ans (25% chez les jeunes femmes, 12% chez les hommes). Décroissance après 55 ans et régression en général chez les + de 70 ans. Un enfant avant 4 ans ne peut raconter sa crise : il faut donc se fier aux vomissements, à la fatigue, aux troubles du caractère, aux petits problèmes de concentration, l’apparition d’un vertige, un mal de tête frontal, pas nécessairement unilatéral. Le traitement n’est pas toujours facile, encore moins que chez l’adulte. Le diagnostic de migraine se porte avant tout grâce aux signes cliniques. L’imagerie ou l'électroencéphalogramme sont en règle inutiles. Il existe des facteurs déclenchants la migraine : le stress, des troubles du sommeil, un changement brutal de température (passage subit du chaud au froid), certains aliments : l’alcool dont le vin blanc pour nous Français mais rouge pour les autres pays, preuves scientifiques à l’appui, le chocolat qui pourrait être non pas le déclencheur mais un signe d’accompagnement, les fromages fermentés, les oléagineux, les poissons gras), des odeurs, le bruit, une lumière crue, la période prémenstruelle… sont souvent décrits à l’origine d’une crise. Les migraineux se soignent seuls dans la majorité des cas. 30 à 45% d’entre eux n’ont jamais consulté, ignorant leur maladie qu’ils traitent volontiers avec du paracétamol… pourtant peu efficace ici. Moins d’un sur 5 consulte son généraliste et moins d’un sur 10 un spécialiste. Plusieurs raisons à cela : - Une gde partie ne connaît pas son diagnostic et va voir d’autres spécialistes (ostéos, OPH, ORL), - Certains pensent que ça ne justifie pas une consultation, ils prennent un antalgique ou un Ains. Le meilleur traitement de la migraine pour l’adulte de 16 à 65 ans est représenté par les triptans, apparus dans les années 90, dont il existe actuellement 7 molécules très proches les unes des autres. Ces médicaments ont changé la vie des patients en stoppant la crise par une action sur un neurotransmetteur bien connu, la sérotonine, et pas par un mécanisme vasculaire comme on l’a longtemps pensé.  Si la crise est peu intense, un anti-inflammatoire non stéroïdien est conseillé en début de crise. Un triptan peut être ajouté une heure plus tard si la réponse est insuffisante. En cas de crise modérée à sévère, c’est l’inverse, le triptan est pris d’emblée et l’Ains 1 heure après. Quoi qu’il en soit, la prise médicamenteuse doit être la plus précoce possible et la dose adaptée à la sévérité de la crise. Sa mise en œuvre est nécessaire en cas de migraine sévère (huit jours de crises invalidantes par mois) ou chronique (au moins 15 jours). Des bêtabloquants peuvent être proposés en 1ère intention, parfois un antiépileptique (topiramate), des antidépresseurs tricycliques (amitriptyline), un antiHTA (candésartan). Des solutions non-médicamenteuses sont utilisées : seules ou en association avec les médicaments pour en diminuer la posologie : l’activité physique en endurance (2h30/semaine), les thérapies comportementales, la gestion du stress, la relaxation, l’hypnose, le BFB, l’acupuncture et la neurostimulation. Roland Topor écrivait « qu’il suffisait de s’adresser à des coupeurs de têtes pour soulager la migraine ». Il est des moyens moins radicaux et tout aussi efficaces. Quand guérir n’est pas possible, soulager reste une action utile voire nécessaire. https://youtu.be/7qKm5EudYdI Docteur Serge Rafal

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