L'échéancier complexe de l'accord entre Israël et le Liban

Israël.

Pour les Etats-Unis, c'est incontestablement une réussite diplomatique. Parvenir à concilier les positions d'Israël et du Liban sur un dossier aussi sensible que le tracé de la frontière maritime économique et sur le gaz, la mission était difficile. Mais si les termes de l'accord vont maintenant être connus dans le détail, le compromis doit encore surmonter plusieurs obstacles, à court et à plus long terme. D'abord, une première urgence : celle de la politique et dans les deux pays. Au Liban, le mandat du président Michel Aoun se termine le 31 octobre, soit dans un peu moins de trois semaines et alors que le parlement libanais a déjà échoué une première fois le 29 septembre à élire un nouveau chef d'Etat. En Israël, on le sait, ce sont les élections législatives qui auront lieu le 1er novembre. Ce sont donc deux Etats dans une situation politique instable qui doivent s'engager sur un accord qui, s'il est d'abord technique, constitue aussi un facteur stratégique de première importance pour les deux pays, toujours officiellement en état de guerre. Seconde priorité : stabiliser la situation sur le terrain et réduire les tensions entre Israël et le Liban, ou plutôt entre Israël et le Hezbollah. Selon des sources mentionnées hier par l'agence Reuters, l'organisation chiite aurait donné son feu vert au gouvernement libanais pour l'accord frontalier avec Israël. Ce qui ne lève pas pour autant totalement la menace de l'organisation libanaise pro-iranienne contre Israël et qui explique que le ministre israélien de la Défense ait renouvelé hier ses mises en garde à l'égard du Hezbollah et rappelé que l'organisation avait tenté de faire dérailler le processus de négociation. La semaine dernière, les ministres du cabinet de sécurité israélien avaient mandaté Yaïr Lapid, son ministre de la Défense Benny Gantz et le Premier ministre suppléant Naftali Bennett pour prendre toutes les décisions opérationnelles nécessaires en cas d'escalade sur la frontière libanaise. Le risque est toujours présent alors que les premiers tests ont commencé en vue du lancement de l'exploitation du gisement de Karish, que Hassan Nasrallah a déjà menacé d'attaquer, bien qu'il n'ait rien à voir avec l'accord frontalier. Il reste également un facteur de déstabilisation ultérieur, celui du statut de la ligne de balises qu'Israël avait déployée unilatéralement au printemps 2000 pour marquer sa frontière maritime, lors de son retrait du sud-Liban. Cela pourrait en effet être l'étape suivante d'un litige futur si cette ligne n'est pas reconnue formellement par l'Onu comme la frontière internationale entre les deux pays. Enfin, il reste toute la période intermédiaire entre la signature de l'accord et le début de l'exploitation du gisement gazier de Kana par le Liban. Car même si l'échéance de la signature se compte en semaines, il faudra en revanche attendre un à deux ans avant que le Liban ait une idée précise des capacités du gisement et au moins dix ans avant sa mise en exploitation. Téhéran devrait reprendre ses livraisons de carburant au Liban, ce qui va encore renforcer l'emprise de l'Iran et du Hezbollah sur le pays du Cèdre jusqu'à ce qu'il accède à une relative autonomie énergétique. Sans oublier le risque que les futurs profits de l'exploitation du gaz libanais se retrouvent dans les caisses du Hezbollah. L'échéancier de l'accord gazier et frontalier entre Israël et le Liban s'annonce donc compliqué. [playlist ids="180972"] Pascale Zonszain

pzoom121022

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