Un duel télévisé Netanyahou-Gantz avant les élections ?

Dans cette troisième campagne en moins d'un an, qui ressemble à s'y méprendre aux deux précédentes, les derniers jours qui restent avant le scrutin du 2 mars peinent à réveiller l'intérêt des électeurs.

Benyamin Netanyahou a donc invité Benny Gantz à l'affronter en direct. Mais le leader centriste a botté en touche. "C'est une nouvelle manœuvre de celui qui va devoir affronter les témoins de l'accusation devant le tribunal" a répondu le patron du parti Bleu Blanc, pour décliner l'invitation.

Pourtant, les débats télévisés ont longtemps été une étape incontournable des campagnes électorales israéliennes. Entre 1977 et 1996, Shimon Peres a eu face à lui Menahem Begin, Itzhak Shamir et Benyamin Netanyahou. En 1992, Itzhak Shamir s'est affronté à Itzhak Rabin. Benyamin Netanyahou lui, n'a renouvelé l'exercice qu'une seule fois, en 1999, face à Itzik Mordehaï, leader centriste de l'époque. C'était alors l'ancien général de Tsahal qui s'était montré plus à l'aise que le chef du parti conservateur, qui avait d'ailleurs perdu l'élection au poste de Premier ministre, face au candidat travailliste Ehud Barak.

Puis, plus rien jusqu'en 2015, qui aura d'ailleurs vu le dernier débat électoral télévisé pour une campagne législative. A l'époque, les huit principaux candidats s'étaient affrontés devant les caméras.

Benyamin Netanyahou, pourtant réputé pour ses qualités d'orateur, n'a jamais vraiment prisé l'exercice du duel. Il lui préfère la conviction à la confrontation, et se sent plus à l'aise dans les interviews en face à face avec des journalistes et surtout dans les discours, sous toutes leurs formes, politiques, ou officiels. Le leader du Likoud affine d'ailleurs en permanence ses prestations de tribun, s'inspirant beaucoup des politiciens américains ou de personnages historiques, comme Winston Churchill.

Les techniques de communication électorale ont également évolué au fil des années. Les campagnes sont aujourd'hui beaucoup plus axées sur les slogans, sur les messages ciblés. Les candidats ont pris l'habitude depuis une vingtaine d'années de s'adresser à des professionnels de la communication politique, et font parfois même appel à des spécialistes venus des Etats-Unis. Le Likoud est le parti qui a le plus investi dans la communication sur les réseaux sociaux. Le discours politique est considéré comme plus efficace s'il atteint une cible spécifique, que s'il se réduit à une épreuve de force entre deux candidats. Il faut dire qu'en Israël, la culture du débat est plus celle de la confrontation que celle de l'écoute, ce qui ne sert pas vraiment un climat de dialogue serein.

Dans le débat politique israélien, celui qui a le plus de chances d'emporter la bataille est celui qui occupe le terrain et qui maitrise l'ordre du jour. Il faut sans arrêt créer l'événement, orienter le débat et la couverture médiatique et surtout veiller à empêcher ses adversaires de reprendre la main. Et Benyamin Netanyahou, en proposant un duel télévisé à Benny Gantz, le jour même où le tribunal annonçait la date d'ouverture de son procès, a réussi une nouvelle diversion.

Pascale Zonszain