La variole du singe : on tire le rideau, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

La variole du singe, dont nous ignorions quasiment tous l’existence, a débarqué dans nos vies au mois de mai. Cette infection due à un virus « monkeypox » est habituellement cantonnée à l’Afrique de l’Ouest (Bassin du Congo et Nigéria) même si qqs cas extra-continentaux avaient déjà été identifiés ça et là. L’homme, principalement dans les zones forestières, se contamine dans 2/3 des cas au contact de rongeurs ou de singes infectés, les principaux réservoirs de la maladie. Et dans 1/3 des cas, cette contamination est interhumaine, les enfants sont d’ailleurs volontiers touchés. La mortalité est faible, entre 1 et 10%, liée généralement à une surinfection bactérienne, lorsque la prise en charge est tardive, dans des zones difficiles d’accès. Le 1er cas de cet épisode hors de sa zone de prédilection, a été détecté au Royaume-Uni. La maladie s’est ensuite étendue, principalement en Europe et aux USA, mais en réalité partout dans le monde, touchant un peu plus de 65 000 personnes dans plus de 100 pays différents, et entraînant quelques dizaines de décès.  Elle a, à ce jour, touché au total près de 4000 personnes. La grande majorité des malades étaient et sont des hommes (très peu de femmes et d’enfants), de 35 ans de moyenne d’âge, qui fréquentent des lieux disons conviviaux de rencontres masculins. Indiscutablement il y a une décroissance de l'épidémie. Le pic a été atteint en France fin juin avec 350 cas/semaine. C’est actuellement autour de 20 cas, soit sa quasi disparition sur le terrain... et dans les médias. A une parfaite collaboration internationale avec mise en commun des connaissances et mise en place de mesures efficaces (isolement des cas diagnostiqués, non partage du linge, information à l’intention des populations ciblées) et bien sûr la vaccination contre la variole.  Non on n'a pas utilisé le vaccin contre la variole car suite à l’éradication de cette maladie, annoncée par l’OMS en 1980, le vaccin d’origine qui était plutôt dangereux a été mis au rencard. Les Etats-Unis et la Russie, craignant une guerre bactériologique, avaient toutefois gardé des souches du virus ce qui a permis la fabrication de vaccins de deuxième puis troisième génération efficaces à 90% sur variole du singe, mieux tolérés et immédiatement à disposition. Par chance, à la différence du Sarcov, les poxvirus à l’origine de cette épidémie mutent peu voire pas du tout.  Après quelques balbutiements dont des problèmes inévitables de logistique et ici la crainte d’une stigmatisation, le 1/3 des personnes à risques, environ 84 000 sur une estimation de 250 000 a reçu le vaccin. Non la maladie n'est pas éradiquée, ceci est impossible car il existe un réservoir animal naturel en Afrique et cette maladie étant bénigne, rien ne justifie la vaccination de la population. Le virus continuera à circuler mais sans causer de vrais problèmes. Nous observerons probablement qqs cas sporadiques extra-africains faciles à contrôler dans les populations très vigilantes depuis le VIH et maintenant averties. « Les grands découvreurs sont ceux qui savent profiter de la chance lorsqu’elle s’offre à eux » écrit le biologiste Pierre Jolliot, de l’Académie des sciences. Il en a fallu un peu ici avec une population ciblée pas trop nombreuse, réactive, sans personnes à risques graves comme dans le Covid… et un virus qui ne mute pas, à l’inverse du remuant Sarscov. Mais reconnaissons que le contrôle de cette épidémie a été un modèle de réactivité avec information maximale, sensibilisation des comportements, mutualisation des mesures. Et finalement plus de peur que de mal. The end.   https://youtu.be/XCWJyyjwjc0 Docteur Serge Rafal

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