Peut-on traiter les dépressions légères sans antidépresseurs ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

La crise sanitaire a aggravé de façon durable et importante la santé mentale de la population. En février 2022, 17% des Français présentaient des signes de dépression soit 7% de plus qu’avant le Covid et 23% se plaignaient d’un état anxieux, soit 9% de plus. Et 10% d’entre eux avaient eu des pensées suicidaires, avec ou sans plan pour passer à l’action, soit 5% de plus qu’avant la pandémie. Les facteurs de risque de la dépression sont variables selon l’âge. Disons globalement que certains sont génétiques : antécédents familiaux de dépression ; - D’autres sont sociaux et environnementaux (échec scolaire, prise de toxiques, traumatisme, deuil, maltraitance, précarité, BO, isolement), - D’autres encore sont psychologiques, en rapport avec la personnalité du patient. Les symptômes principaux de la dépression sont de 3 types : - Des troubles de l’humeur avec tristesse, perte du plaisir et de la volonté (aboulie), ruminations, dévalorisation, autodépréciation, culpabilité, sentiment d’inutilité… - Un ralentissement psychomoteur : faciès peu mobile, gestes rares, parole monocorde, asthénie++ qui traduit une extrême fatigue, - Des troubles du sommeil de 2ème partie de nuit avec réveil précoce, des troubles de la sexualité, du comportement alimentaire (anorexie++, parfois boulimie). Tous ces signes peuvent être plus discrets dans ce que nous appelons les dépressions masquées. La prise en charge est différente selon que la dépression est majeure ou légère à modérée. La 1ère nécessite un avis spécialisé ou une hospitalisation avec mise sous antidépresseurs, les IRS en 1ère intention, pas plus efficaces mais mieux tolérés que les anciens médicaments (3-cycliques, imipraminiques), des anxiolytiques, des hypnotiques. La dépression mineure ne justifie pas toujours d’antidépresseurs qui sont pourtant souvent prescrits car ils constituent un moyen simple, rapide, et bien sûr économique (remboursement par la SS) de répondre à la demande de soins d’un patient en souffrance. Mais plusieurs études mettent en doute leur efficacité donc leur intérêt dans les formes où l’anxiété est prédominante et chez certains malades dits « non répondeurs », beaucoup plus fréquents que les « bons répondeurs ».  On va parler d’alimentation et d’activité physique car on sait maintenant que l’association « régime occidental-sédentarité » augmente le risque de dépression par des mécanismes complexes qu’on commence à mieux connaître et qui font intervenir l’intestin où est fabriquée 95% de la sérotonine, un des principaux neurotransmetteurs de l’humeur. De nombreux psychiatres recommandent donc à présent une alimentation anti-inflammatoire, riche en produits frais dont les végétaux, pauvre en produits ultra-transformés, en oméga-6, en alcool. Le modèle est le régime méditerranéen dont nous avons parlé récemment, indispensable en préventif et en curatif. La complémentation en om-3 a confirmé elle, avec un haut niveau de preuve, son efficacité en curatif mais pas en préventif. L’activité physique dont j’ai déjà parlé, de préférence en club pour favoriser les contacts sociaux, la phytothérapie (millepertuis, rhodiole), les oligo-éléments (Li), la vitamine B9 (5 mg d’acide folique), la luminothérapie… peuvent être proposés. Une citation de saison : « La dépression c’est le novembre de l’âme, le décembre du désir » écrit joliment Philippe Labro. Mais il est possible nous l’avons vu de l’éviter ou d’en guérir et pas seulement grâce aux psychotropes. https://youtu.be/oTSj9sdgJBo Docteur Serge Rafal

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