Israël, l'Ukraine et les armes iraniennes

Israël.

Les Iraniens peuvent continuer à démentir avoir livré des drones à la Russie et le chef de la diplomatie européenne peut encore demander des preuves concrètes de l'implication de l'Iran dans la guerre en Ukraine, les images de ces derniers jours en provenance de Kiev ne laissent plus de place au doute : ce sont bien des drones suicides iraniens de type Shaed-136 que la Russie a tirés sur la capitale ukrainienne. Pour l'Iran, cette fourniture d'armes à la Russie est une source de revenus supplémentaire, mais aussi une occasion inespérée pour son industrie militaire d'évaluer l'efficacité de ses armes. Et pour Israël, c'est la confirmation des avertissements qu'il lance depuis plusieurs années en direction de la communauté internationale, sur la capacité de nuisance iranienne, qui s'étend bien au-delà du Moyen-Orient et de son programme d'armement nucléaire. Les répercussions de cette entrée de l'armement iranien dans la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine sont tout autant tactiques, stratégiques que diplomatiques du point de vue d'Israël et vont exiger de ses dirigeants d'avancer avec prudence. On a déjà vu la rapidité de la réaction russe aux propos du ministre Travailliste Nachman Shaï, qui appelait il y a quelques jours son gouvernement à fournir de l'aide militaire à l'Ukraine. L'ancien président russe Dimitri Medvedev, qui est aujourd'hui le vice-président du Conseil de Sécurité nationale de la Russie, avait qualifié une telle option "d'irresponsable" et averti que cela "détruirait les relations" de son pays avec Israël. A Jérusalem, le ministère des Affaires étrangères s'était empressé de préciser que les propos de Nachman Shaï ne représentaient pas la position du gouvernement israélien. Mais cela confirme que le sujet est hautement sensible. Israël veille jusqu'à présent à se tenir à l'écart du conflit, même si le New York Times révélait la semaine dernière que les Israéliens auraient fourni des informations à l'Ukraine sur les drones iraniens. Il est vrai que la défense israélienne connait depuis longtemps le danger de la technologie développée et utilisée par l'Iran, qui équipe ses milices supplétives à travers la région de ces armements bon marché, mais précis et meurtriers. En juin dernier, on a vu le Hezbollah envoyer quatre drones vers le gisement gazier de Karish. Quant aux drones suicides iraniens, ils ont déjà été utilisés dans la région, que ce soient contre des tankers ou des raffineries dans le Golfe persique, ou contre une base américaine en Syrie. Et l'aviation de Tsahal en avait intercepté plusieurs au-dessus de l'Irak en février dernier. Pour Israël, cela implique de poursuivre le développement de ses dispositifs de défense anti-drones tant pour protéger ses sites stratégiques que sa population civile. Pendant les onze jours de guerre de mai 2021 contre le Hamas, Tsahal avait abattu des drones d'attaque avec ses batteries Dôme de Fer, par un tir de missile depuis un chasseur bombardier et par d'autres moyens qui n'ont pas été divulgués. On sait que l'industrie de défense israélienne travaille sur l'interception laser, mais aussi sur des technologies d'intelligence artificielle, en cours de développement, destinées à contrer des tirs massifs de drones combinés à des bombardements de missiles. Mais il faut aussi que cette menace des drones et des missiles iraniens soit considérée par les pays occidentaux comme un enjeu stratégique au même titre que le programme d'armement nucléaire de Téhéran. A Jérusalem, on espère que les récents événements d'Ukraine aideront à ouvrir les yeux des Européens et des Américains sur la nécessité de lier les deux dans leurs discussions avec l'Iran. [playlist ids="181943"] Pascale Zonszain

pzoom191022

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