Le gingembre, condiment ou super-aliment ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

Ce rhizome proche du curcuma est très présent dans les gastronomies asiatiques, indiennes et orientales, avec sa saveur et son parfum épicé caractéristiques, mais beaucoup moins chez nous. Frais, séché, confit, il mériterait pourtant de trouver plus largement sa place sur nos tables, surtout cantonné actuellement aux condiments (masala indien, ras el-hanout des tagines), à l’accompagnement des sushis et sashimis, il est alors macéré dans du vinaigre de riz, et bien sûr au pain d’épice. Cette herbe, ce roseau d’environ 1 m à 1,5 m de haut, pousse dans les régions tropicales : en Asie (Chine, Inde d’où il est originaire, Malaisie), en Afrique (Nigéria), aux Antilles, en Australie. Le gingembre a longtemps servi d’anti-infectieux (surtout antiviral d’ailleurs), d’antiémétique… et également d’aphrodisiaque avant le Viagra, probablement par la sensation de chaleur buccale et corporelle qu’entraîne son ingestion. Il est considéré comme un super-aliment en raison de sa teneur exceptionnelle en nutriments et son fort pouvoir antioxydant : il se situe d’ailleurs sur le podium des végétaux frais les plus concentrés avec le brocoli, le chou de Bruxelles, la coriandre, le curcuma, la menthe. Il stimule la digestion et atténue les nausées et les vomissements : c’est ainsi qu’il est volontiers consommé par les femmes enceintes indiennes en début de grossesse (pas au 2ème semestre car il peut entrainer des contractions utérines) ou utilisé contre le mal des transports. Il aurait également des propriétés anti-inflammatoires, soulagerait les migraines, calmerait un mal de gorge débutant. Sa richesse en antioxydants nous l’avons dit, bien que les quantités ingérées ne soient jamais très importantes. Il constitue en outre une excellente source de Mn, cofacteur de nombreuses réactions métaboliques de l’organisme, et de cuivre, nécessaire à la formation de l’Hb et du collagène (protéine qui sert à la structure et la réparation des tissus). Et certains de ses effets-santé pourraient être liés à un composé phénolique, de la même famille que la vanille, qu’il contient en bonnes quantités, le gingérol, sur lequel ont lieu de nombreuses études qui semblent prometteuses (Alzheimer, cancer, diabète). On le trouve frais sur les étals de septembre à février. On peut le conserver 2 à 3 semaines sur une tablette du réfrigérateur mais pas dans le bac à légumes où il moisit. Ou mieux dans le congélateur, ce qui permet de le râper à la demande. Mais ne pas le laisser dégeler car il prend alors une consistance molle. La poudre doit elle, être conservée dans un récipient hermétique, placé dans un endroit frais et sec, à l‘abri de la lumière. Pour un usage thérapeutique il se présente sous de nombreuses formes : poudre, tisanes, capsules, sirop, HE. A noter qu’1 gramme de poudre correspond à environ 10g de gingembre frais. Et qu’une action anti-inflammatoire requiert 1 g à 1g5 de poudre, un mal de tête autour de 500 mg. Pour le mal des transports, 2 gouttes d’huile essentielle sur un kleenex qu’on inhale. A doses excessives, ce qui est exceptionnellement le cas, possibilité de brûlures d’estomac ou de diarrhée. A éviter absolument en cas de lithiase biliaire car il stimule la vésicule par un effet cholérétique. Et il pourrait interférer avec certains médicaments comme les anticoagulants et l’aspirine et faire saigner surtout s’il est associé à ail, curcuma, graines de lin, ginkgo, ginseng… qui peuvent renforcer cette action. Mais peu de risques en réalité aux quantités où nous le consommons. « La faim donne au pain le goût du pain d’épice » nous dit un proverbe français. Raison de plus pour se tourner plus souvent vers ce super-aliment qu’est le gingembre. https://youtu.be/CdHZ3cNz9Do Docteur Serge Rafal

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