Knesset, mensonges et fuites audio

Israël.

Les Israéliens sont comme tout le monde à cet égard : ils n'aiment rien tant que voir leurs politiciens surpris les doigts dans le pot de confiture, en train de dégoiser sur leurs petits camarades. L'enregistrement audio diffusé dimanche par la chaine publique israélienne Kan aura servi de divertissement dans une campagne qui traine en longueur et qui jusque-là manquait singulièrement de piquant et de scandale. C'est donc avec un plaisir assumé que le public a découvert le leader du parti Sionisme Religieux et allié du Likoud, Betzalel Smutrich se répandre en insultes contre Benyamin Netanyahou. Dans ce document enregistré à son insu, on l'entend traiter l'ancien Premier ministre de " roi des menteurs ", et affirmer que le patron du Likoud, contrairement à ses dires, avait bel et bien entrepris de négocier l'an dernier, avec le parti islamiste Ra'am, en vue de le faire entrer dans sa coalition. " Il cherchait désespérément à s'allier avec lui. J'ai été le seul à me mettre en travers de son chemin ", explique encore Smutrich. Et le député nationaliste religieux livre aussi son opinion sur l'avenir du patron du Likoud. "Netanyahou n'est pas éternel. Il ne peut pas aller contre la nature. Il finira par être reconnu coupable par la justice. Ça ou autre chose, il faut juste un peu de patience" ajoute Betzalel Smutrich. Face à cette déferlante, le Likoud a répondu par un rappel à l'ordre : "arrêtez de tirer sur vos amis. L'adversaire, c'est le gouvernement Lapid " ont déclaré les dirigeants du parti conservateur, tandis que Benyamin Netanyahou assurait qu'il pardonnait à Smutrich pour ses "propos offensants". Mais cet incident est révélateur de la profondeur du problème Netanyahou dans la mécanique politique israélienne. Ce n'est pas la première fois, loin s'en faut, que le chef de l'opposition et ancien chef du gouvernement se retrouve au cœur d'un tel réquisitoire, public ou volé. Presque tous ses anciens partenaires politiques lui ont adressé un jour ou l'autre ce genre de reproche, le dernier en date étant l'actuel ministre de la Défense, Benny Gantz, qui garde en travers de la gorge la promesse rompue par Benyamin Netanyahou de respecter l'accord de rotation, qui aurait dû le voir succéder au Premier ministre Likoud dans la précédente coalition. Une hypothèse envisagée par les commentateurs politiques israéliens, coutumiers des manœuvres du patron du Likoud, est que ce serait Benyamin Netanyahou lui-même qui serait à l'origine de l'incident de la fuite de l'enregistrement vers les médias. Et ce pour garder en réserve la possibilité de disqualifier le moment venu le parti de Smutrich et de se tourner vers d'autres formations politiques pour composer sa coalition. Si le scénario est un peu tiré par les cheveux, il doit quand même être signalé. Pour l'instant, le vrai problème du chef du Likoud, c'est de trouver comment récupérer les suffrages qui se sont déroutés vers le parti de Smutrich et Ben Gvir, et qui lui ont déjà fait perdre six mandats depuis le début de la campagne, en tout cas dans les intentions de vote. Le dernier sondage publié hier indique d'ailleurs que le parti conservateur semble avoir réussi à stopper l'hémorragie. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que l'incident de l'enregistrement change la donne entre les deux blocs, toujours incapables de dégager une majorité. Il leur reste tout juste une semaine pour trouver le moyen de faire sauter ce verrou. Et même un autre scandale n'y suffira pas. [playlist ids="182964"] Pascale Zonszain

pzoom251022

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
Knesset, mensonges et fuites audio