La dépression saisonnière que nous appelons nous, le « trouble affectif saisonnier » (ou TAS) peut toucher tout le monde, même les enfants, mais les dames 3 fois plus souvent que les Messieurs. Elle affecterait, dès que la luminosité baisse et les jours raccourcissent, 1 à 3% de la population mais pourrait selon certains psychiatres en compter 30%, dans des formes légères, entrainant mal-être, fatigabilité, vague à l’âme et qui peuvent donc facilement passer inaperçues. Le TAS représenterait chez nous 15% de l’ensemble des troubles de l’humeur, beaucoup plus dans les pays du Nord (Scandinavie, Canada) où il fait nuit 6 mois de l’année.
Il s’agit cliniquement d’un épisode dépressif classique avec une aggravation des symptômes en fin d’après-midi ou dans la soirée. C’est la survenue et l’évolution d’épisodes identiques, plusieurs années de suite, qui permet de suspecter et d’affirmer le diagnostic : début à l’automne, amélioration au printemps lors du passage à l’heure d’été.
On explique ce trouble par des facteurs génétiques qui permettent à un Finnois ou un Suédois de mieux résister qu’un Australien ou un Patagonien à l’absence de lumière, plusieurs heures par jour, plusieurs mois de suite. Le raccourcissement de la durée du jour retentit sur la fabrication plus précoce de mélatonine, générant alors un retard de phase dans le rythme nycthéméral. Et comme la mélatonine est liée à la sérotonine, le neurotransmetteur de l’humeur, nous comprenons facilement la survenue des troubles.
La mélatonine ? Il s’agit d’une neurohormone, fabriquée par une région du cerveau, l’épiphyse ou glande pinéale, pendant la nuit. Sa concentration est en effet multipliée par 10 autour de 03-04h du matin. Elle est diminuée chez les personnes qui dorment mal d’où sa présence dans de nombreux mélanges du commerce pour dormir. La mélatonine est surtout connue pour resynchroniser les rythmes biologiques, améliorer la rapidité de l’endormissement, la durée et la qualité du sommeil, sans créer, ni habitude, ni dépendance. Elle joue également un rôle sur la motricité intestinale (SII), le contrôle de la température corporelle, la TA, l’immunité, l’humeur (troubles psychiatriques, anxiété), la sexualité.
Ces dépressions saisonnières se traitent principalement par la luminothérapie : l’exposition quotidienne matinale, pendant 2 semaines, à une source de lumière blanche, filtrée en UV, qui apporte 10 000 lux pendant 30 minutes ou 5000 lux pendant 1 heure. L’amélioration est + rapide qu’un antidépresseur qui a son activité maximale au 20ème jour.
Rares sont les contre-indications : une photo-allergie sévère, la prise de médicaments photo-sensibilisants (chloroquine, lithium…).
Les effets secondaires sont rares également et s’amendent après quelques jours : troubles visuels (éblouissements, fatigue, tension oculaire), maux de tête… qui obligent exceptionnellement à l’arrêt du traitement.
Un traitement est à proposé cette année puisqu’il n’est pas curatif. A démarrer dès que la luminosité baisse et s’il a déjà été efficace l’année précédente.
« Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière » nous dit Victor Hugo. Laquelle lumière nous tire des dépressions saisonnières, sources d’inconfort et de difficultés interpersonnelles et socio-professionnelles. Ne dit-on pas ? : « Que la lumière soit et la lumière fut ». Et avec elle la disparition du TAS.
https://youtu.be/hJi6yfL3duA
Docteur Serge Rafal
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