Les particules fines, un péril silencieux, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Les décès dans les pays occidentaux étaient autrefois dus aux guerres, aux famines, aux épidémies. Avec l’industrialisation et les progrès de l’hygiène et de la médecine, la mortalité aiguë (en particulier infantile) s’est réduite mais a fait place aux maladies chroniques dites de civilisation. L’hérédité intervient évidemment dans de nombreuses pathologies graves (cancers, leucémies, DT2…) mais elle y est inférieure à 40% ce qui laisse une influence considérable aux facteurs non-génétiques, c’est à dire à l’environnement au sens large du terme avec le concept nouveau « d’exposome ». Nous y trouvons 3 facteurs dont nous parlons régulièrement dans cette rubrique, l’inflammation, le stress oxydatif, les perturbations endocriniennes. Les 2 premiers sont principalement d’origine alimentaire, le 3ème souvent en rapport avec des agents extérieurs de notre environnement, les particules fines. Celles-ci proviennent à 40% du chauffage (combustion du bois, du charbon, du fioul), à 10% des usines, à 8,5% de la circulation (moteurs diesel), à 6% de la construction, à 5% de l’agriculture (épandages)… et maintenant des cosmétiques. La pollution à Paris est essentiellement le fait du trafic routier et du chauffage. Ce sont des molécules microscopiques, inférieures à 2,5 microns (1 micron, c’est 1/1000ème de mm). Elles sont en suspension dans l’atmosphère, touchent le système cardio-vasculaire mais grâce à leur petite taille, elles descendent plus profondément dans les bronches où elles occasionnent plus de dégâts que les particules plus grosses qui elles vont moins loin. Elles sont d’ailleurs considérées comme cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer, le CIRC. Elles seraient responsables de 4 millions de décès par an dans le monde, 100 000 en Europe. 600 à 1000 cancers du poumon et 3 à 5000 maladies cardio-respiratoires lui seraient imputables en France. Elles pourraient également intervenir dans la survenue des maladies neuro-dégénératives dont bien sûr l’Alzheimer. Les particules fines priveraient chacun d’entre nous de près de 9 mois de durée de vie. On estime qu’un trentenaire perdrait 27 mois d’espérance de vie dans les zones les plus exposées. Tout le monde est visé mais plus encore les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, les cardiaques, les bronchitiques, les obèses, les diabétiques… tous ces risques étant majorés par les inégalités sociales. L’amélioration de la qualité de l’air en IDF a permis sur la dernière décennie de diminuer de 40% le nombre des décès annuels imputables aux particules fines (réduction du dioxyde d’azote et de l’ozone), passant d’une dizaine de milliers à un peu plus de 6000 -> C’est ainsi que les Parisiens de plus de 30 ans ont gagné 10 mois d’espérance de vie en 10 ans mais on devrait pouvoir faire beaucoup, éviter 6000 décès supplémentaires, si les seuils fixés par l‘OMS étaient atteints. Il nous faut impérativement réduire l’exposition aux polluants. Ca commence par une alimentation bio et la limitation des cosmétiques surtout pendant la grossesse. « Le péril s’évanouit quand on ose le regarder » nous dit La Rochefoucauld. C’est exactement ce qui s’est passé avec les particules fines. La prise de conscience s’est faite, le mouvement est maintenant irréversible. La déflation devrait se poursuivre. https://youtu.be/uipn4-Kdq0A Docteur Serge Rafal

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