Reddition contre impunité : l'antiterrorisme "soft" de l'Autorité Palestinienne

Israël.

Ils sont pour le moment quatre membres de la Fosse aux Lions à s'être rendus aux services de sécurité de l'Autorité Palestinienne depuis mercredi soir. Et une quinzaine d'autres seraient en pourparlers pour en faire autant. L'un des responsables de l'organisation terroriste a expliqué qu'il craignait pour sa vie, mais que le combat ne s'arrêterait pas pour autant. Et qu'il s'agissait d'une décision individuelle et non pas d'une consigne du groupe, qui d'ailleurs ne serait pas dissout. Pour ceux qui ont donc décidé de remettre leurs armes, c'est d'abord un placement en détention à la prison de Jéricho, puis l'engagement de l'Autorité Palestinienne à financer leurs études ou à leur donner du travail, le plus souvent au sein de ses services de sécurité. Car cette pratique n'est pas nouvelle. Elle a notamment déjà été utilisée il y a une vingtaine d'années, durant la période de la seconde intifada. Israël acceptait que des Palestiniens recherchés pour activité terroriste, mais n'ayant pas commis de crime de sang puissent remettre leurs armes à l'Autorité Palestinienne et intégrer ses services de sécurité et s'engagent à renoncer au terrorisme. En échange de quoi, Israël les laissait tranquilles, aussi longtemps qu'ils respectaient leur part de l'accord. Cela avait été le cas par exemple du chef de la branche armée du Fatah à Djénine, Zaccaria Zbeidi, qui avait passé quelques années d'impunité, jusqu'au moment où il a repris ses actions terroristes et que Tsahal l'a arrêté. Il est depuis emprisonné en Israël. Dans le cas du groupe terroriste de la Fosse aux Lions, l'offre était sur la table depuis près d'un mois. Quand Israël avait fait pression sur l'Autorité Palestinienne pour qu'elle reprenne le contrôle de la ville de Naplouse qu'elle avait abandonnée aux bandes armées. La première intervention des services de l'Autonomie avait été accueillie par de violentes émeutes et ils avaient dû promettre de relâcher leurs prisonniers pour rétablir le calme. Face à cette impuissance, les forces de sécurité israéliennes avaient repris leurs opérations antiterroristes dans la casbah de Naplouse. La mort ce weekend d'un des leaders de la Fosse aux Lions dans l'explosion d'une moto piégée, et l'opération menée le 26 octobre par Tsahal, le Shin Beth et l'unité antiterroriste de la police israélienne ont apparemment pesé assez lourd pour convaincre plusieurs membres du groupe de se rendre à l'Autorité Palestinienne, plutôt que de risquer d'être arrêté ou tué dans une intervention israélienne. Mais les responsables de la défense israélienne savent que ce n'est qu'une victoire tactique. Même si l'action des terroristes de la Fosse aux Lions à Naplouse est sérieusement affaiblie, la violence peut se réveiller ailleurs. C'est justement le modèle de ce groupe créé par des jeunes Palestiniens en dehors de tout cadre existant et qui amplifie la portée de ses attaques en utilisant les réseaux sociaux, qui peut en inspirer d'autres, que ce soient des actes individuels ou la formation de groupes similaires dans d'autres localités palestiniennes de Judée Samarie. Le problème n'est donc pas réglé. Et en particulier le risque de voir la nouvelle génération, née après l'intifada, être tentée par la violence, contre Israël, mais aussi contre les institutions palestiniennes. Et la radicalisation ira croissant, plus on s'approchera du moment où Mahmoud Abbas quittera la scène. [playlist ids="183852"] Pascale Zonszain

pzoom281022

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