Procès de l'attentat de Nice : l’incroyable "occasion ratée" d’arrêter le terroriste, la chronique de Michel Zerbib

France.

Le président a fustigé une « audition bâclée » le 20 juin 2016 soit moins d’un mois avant l’attentat. La cour d’assises spéciale de Paris a entendu le témoignage de Joël C., le policier qui avait auditionné Mohamed Lahouaiej Bouhlel dans le cadre d’une plainte pour violences conjugales déposée par son ex-femme. Le 20 juin 2016, moins d’un mois avant le carnage, un policier avait auditionné Mohamed Lahouaiej Bouhlel dans le cadre d’une plainte pour violences conjugales déposée vingt-deux mois plus tôt par son ex-femme. Le terroriste n’avait pas été placé en garde à vue malgré deux plaintes et le fait « qu’il avait été condamné en mars 2016 à six mois de prison avec sursis pour des faits de violence sur la voie publique ». Le fonctionnaire entendu en visioconférence depuis Nice n’a pu donner « aucune réponse » sur ce que le président de la cour d’assises spéciale de Paris a décrit comme « une audition bâclée » et même « une occasion ratée ». Moins d’un mois avant le massacre du terroriste sur la promenade des Anglais!

« Une façon un peu cavalière de traiter une procédure », selon le président

« Vingt-deux minutes pour entendre une personne accusée de violences graves à l’égard de sa compagne et qui a fait défaut à plusieurs convocations [en 2014, puis en 2016], je trouve que c’est une façon un peu cavalière de traiter une procédure », a tonné Laurent Raviot. Hajer K. raconte dans sa plainte notamment que Mohamed Lahouaiej Bouhlel lui a uriné dessus, a « déféqué sur le sol de la chambre » ou encore lorsqu’il a « poignardé l’ourson de leur fille en plein cœur ». "Il me jette régulièrement des objets au visage, n’a de cesse de nous menacer, mes enfants et moi", explique-t-elle. Il s’adresse à nous en ces termes : “Quand je reviens, si je vous trouve ici, je vous tue, toi et tes filles”. Maître Saidon, avocat de partie civile réagit à l'audition de l'amant du tueur de la Promenade de Nice entendu par la cour antiterroriste du procès. [playlist type="video" ids="183889"]

« Pourquoi il n’a pas été placé en garde à vue? »

La femme avait déjà porté plainte une première fois en 2011, et il avait été condamné en mars 2016 à six mois de prison avec sursis pour des faits de violence sur la voie publique », a rappelé vivement la cour. Joël C., gêné, rappelle seulement qu’il « remplaçait un collègue » et qu’il « n’était pas au courant de ces faits ». « Pourquoi vous n’avez pas pris ses empreintes ? Pourquoi vous n’avez pas vérifié les fichiers et ses antécédents », continue Laurent Raviot en vain. Le policier met en colère ce dernier.

"Dénoncer des violences, sans qu’il ne se passe rien", l’audition bâclée !

Le policier dit n’avoir « aucun souvenir de l’audition », mais explique tout de suite après : « Il avait eu un comportement normal, sinon je l’aurais placé en garde à vue ». Joël C. a expliqué au sujet des violences conjugales qu'« actuellement, c’est un placement en garde à vue systématique », mais qu’à l’époque, « c’était à l’appréciation du fonctionnaire de police ». Joël C. a 30 ans de métier et ne se démonte pas. L’agacement du président ne se contient plus. « en 2016, les violences conjugales, on en parlait déjà beaucoup ». Pour le président cette audition, bouclée en vingt-deux minutes, « rétrospectivement, on se dit que c’est une occasion ratée », « quand on sait qu’un mois plus tard, il va tuer 86 personnes et faire des centaines de blessés ». Le policier le bronche pas. Sa retraite est prévue dans quatre mois dit un avocat des parties civiles : « elle est bienvenue, ce n’est que ma propre observation »,conclue sa question Me Philippe Soussi pour les victimes. Michel Zerbib, envoyé spécial de Radio J au procès de l'attentat de Nice

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