Brésil : le retour de Lula au pouvoir, Bolsonaro muet

L'ex-président brésilien (2003-2010), favori de l'élection au Brésil depuis plusieurs mois, en est sorti vainqueur, malgré un scrutin ultra-serré face à son opposant conservateur Jair Bolsonaro. Le dirigeant de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a donc été élu dimanche pour un troisième mandat à la tête du Brésil, distançant d'une très courte tête le président sortant Jair Bolsonaro. Le président élu a obtenu 50,9% voix contre 49,1% pour Bolsonaro, soit un peu plus de deux millions de voix d'avance sur 156 millions d'électeurs. Il s'agit de l'élection la plus serrée de l'histoire du Brésil depuis le retour de la démocratie en 1985, après 21 ans de dictature militaire.

Lula retrouve le Planalto après avoir été condamné pour corruption

Lula retrouve le palais présidentiel du Planalto douze ans après avoir quitté le pouvoir. Il sera à 77 ans le plus vieux président de l'histoire du Brésil. Il a déjà annoncé que cette sixième candidature sera la dernière. «Maintenant, je veux voter pour d'autres», a-t-il dit dimanche. L'ancien ouvrier métallo et leader syndical, né dans la misère dans le Nordeste, aura eu un destin exceptionnel et marqué un demi-siècle de l'histoire du Brésil. Condamné pour corruption, qui avait pronostiqué son retour  trois ans plus tard à la présidence ?

Explosions de joie dans tout le pays

La victoire de Lula a été saluée par des explosions de joie dans les grandes villes du pays. L'avenida Paulista, les «Champs Élysées» de Sao Paulo, était dès la fin de l'après-midi noire de monde. À Rio de Janeiro, c'était la fête sur la grande place de Cinelandia, dans le centre, où des milliers de personnes se sont retrouvées pour célébrer la victoire de Lula.

Un discours pacificateur  de Lula avec une «  Amazonie en vie »

Après une campagne électorale agressive et violente, Lula a choisi de prononcer un discours de victoire pacificateur qui s'adressait à tous les Brésiliens. «C'est l'heure de baisser les armes», a-t-il lancé, entouré de ses alliés centristes dont son colistier Geraldo Alckmin réunis dans un grand hôtel de Sao Paulo. «Le Brésil a besoin de paix et d'unité», a martelé le président élu, pour réconcilier un pays divisé par quatre ans de gouvernement Bolsonaro. Sa priorité sera «d'en finir avec la faim» qui touche 30 millions de Brésiliens. Il a aussi souligné que le Brésil était «prêt à reprendre son leadership dans la lutte contre la crise climatique … Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie». Jair Bolsonaro s’est retiré pour « dormir » ne reconnaissant pas encore sa défaite Après l'annonce de sa défaite Jair Bolsonaro s'est isolé et n'a voulu recevoir ni ministres ni conseillers. Son aide de camp a informé les visiteurs qu'il s'était retiré dans sa chambre «pour dormir», selon le journal O Globo, Lauro. C'est la première fois dans l'histoire récente du Brésil qu'un président en exercice ne réussit pas à se faire réélire. Son silence peut il ouvrir une période d’incertitudes ? Après avoir mis en doute pendant des mois la fiabilité des urnes électroniques, Bolsonaro avait fini par admettre vendredi soir  qu'il respecterait le choix des électeurs. Mais le score est si serré que le président battu pourrait changer d’avis .

Félicitations internationales mais inquiétudes

Plusieurs dirigeants mondiaux, tels que Joe Biden et Emmanuel Macron, ont très vite félicité Lula, une manière de faire pression sur l'actuel président pour qu'il reconnaisse rapidement sa défaite. Certains observateurs craignent des opérations de contestation du scrutin comme l’envahissement du Capitole par les partisans de Trump. Toujours est il que les militaires ont déjà fait savoir qu'ils ne se lanceraient pas dans une aventure putschiste. Un de ses proches alliés, le président de la Chambre des députés Arthur Lira a tendu la main au président élu. «Il est temps de désarmer les esprits.» Michel Zerbib