Elections en Israël : bilan du scrutin et perspectives, la chronique d'Arié Bensemhoun

Israël.

Bonjour Arié Bensemhoun, vous allez aujourd’hui nous parler des élections législatives qui se sont tenues mardi en Israël... Un cinquième round d’élections législatives s’est tenu mardi et il s’agit toujours d’un référendum pour ou contre Benyamin Netanyahou qui reste la personnalité au cœur des campagnes électorales. Les urnes ont donc parlé... et à la question « est-ce que l’ancien Premier ministre peut revenir au pouvoir ? », la réponse semble être positive. D'après les résultats partiels, le Likoud remporterait 31 sièges, devant la formation centriste Yesh Atid du Premier ministre sortant Yaïr Lapid qui récolterait 24 sièges, sur les 120 du Parlement. Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, de l’alliance HaTzionout HaDatit (sionistes religieux) et alliés de Benyamin Netanyahou, sont arrivés en troisième position avec 14 sièges, soit le double des sièges dont ils disposaient jusqu'à l'heure. Suit le parti de centre-droit de l'ex-ministre de la Défense Benny Gantz, qui obtient pour sa part 12 sièges. Le bloc de Benyamin Netanyahou compterait 65 sièges, soit quatre de plus que la majorité, ce qui lui donnerait la possibilité de constituer un gouvernement... Est ce que la participation d’un parti d’extrême droite est de nature à ternir l’image d’Israël dans le monde ? Malheureusement Israël n’échappe pas à la montée du populisme et des formations radicales qui pratiquent la démagogie et surfent sur les peurs, la colère et l’exaspération d’une partie de la population. Et puis, l’image d’Israël ne dépend pas d’une quelconque élection. Quoiqu’il fasse, l’Etat hébreu sera toujours décrié, stigmatisé, condamné, controversé par ses ennemis. La haine antisémite et antisioniste trouvera toujours un prétexte pour se manifester, elle n’a pas besoin de bonnes raisons, elle se satisfait très bien des mauvaises. Il me semble important toutefois de ne pas sombrer dans les raccourcis et la caricature. Tout d’abord, on ne saurait comparer l’extrême droite française, italienne ou allemande avec l’extrême droite israélienne. Ce serait une erreur d’analyse majeure.  Le mot extrême droite est un mot-valise qui renvoie à des référents idéologiques qui plongent leurs racines dans la période sombre qui a précédé et accompagné la seconde guerre mondiale. Pas de nostalgie de cette période en Israël, bien au contraire.  Pour Israël, je parlerais plutôt de partis extrêmes et populistes qui instrumentalisent l’exaspération réelle et justifiée de certains citoyens pour servir leur agenda politique. On peut le déplorer, et c’est mon cas, mais c’est ainsi et il faut l’accepter parce que cela aussi c’est la démocratie. De plus, en Israël, les projections démographiques et les réalisés sociologiques ne sont pas les mêmes. De même que les enjeux sécuritaires qui relèvent de la menace existentielle... C’est-à-dire ? D’un point de vue démographique, la population juive ultra-orthodoxe croit rapidement,  tout comme la population arabe qui représente plus de 20%. Cela est de nature à créer des tensions dans la société qui peuvent s’exacerber et avoir des conséquences sur la situation politique du pays et favoriser les candidats plus extrêmes « identitaires et/ou nationalistes ». D’un point de vue sécuritaire, pas un jour ne passe en Israël sans incident ou attentat, attaque au couteau ou à la voiture-bélier, sur des soldats ou des civils. Les Israéliens, bien que résilients, vivent dans la peur permanente du terrorisme. N’oublions pas la vague d’attentats qui avait secoué Israël entre mars et mai 2022. Nombre des terroristes étaient des Arabes israéliens. La menace venait donc aussi de l’intérieur.         Les Palestiniens de leur côté, sont pris en tenaille entre la dictature du Fatah et celle du Hamas à Gaza. Entre incitation à la haine et appels à la destruction d’Israël, difficile d’envisager la paix avec des voisins aussi belliqueux. La menace est aussi extérieure avec l’Iran. Les révoltes en cours conforteront probablement le gouvernement iranien dans son jusqu’au-boutisme et la perspective d’un retour à la table des négociations sur le nucléaire s’éloigne un peu plus chaque jour... On peut comprendre que les Israéliens soient épuisés de vivre sous tension et sous la menace permanente. Que retenir de ce cinquième scrutin?  En premier lieu, la vivacité d’Israël, seule démocratie du Moyen-Orient. Certains parleraient même d’excès démocratique. Alors que les Palestiniens attendent tristement la tenue de nouvelles élections depuis 17 ans, Israël en est à son cinquième round ! Le système israélien n’est pas parfait mais il n’est pas pire que les autres. Toutes les sensibilités sont représentées, toutes les aspirations sont incarnées. N’oublions pas que même un parti islamiste faisait partie de la coalition et du dernier gouvernement.  Il est d’ailleurs étonnant de constater que les mêmes qui se lamentent de voir un parti populiste ne se sont pas indignés d’avoir un parti islamiste auparavant. Rien n’est encore joué mais les projections sont pour l’heure favorables à Benyamin Netanyahou. Il n’y a pas de fatalité. Il faut espérer qu’il saura s’entourer des bonnes personnes pour obtenir une coalition stable capable d’affronter les nouveaux défis. Israël a tous les atouts pour surmonter les crises et devenir un exemple pour les nations à condition de miser sur ceux qui placent les intérêts de la nation avant leurs intérêts propres. [playlist ids="184863"] Arié Bensemhoun

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