Cour Suprême ou portefeuilles ? Netanyahou et sa coalition divergent sur les priorités

Israël.

C'est seulement demain, que débuteront les consultations du président israélien avec les partis politiques, qui devront recommander un candidat pour la formation du gouvernement. En réalité, cette étape, qui était devenue indispensable dans les 4 précédents scrutins, sera cette fois de pure forme, puisque Benyamin Netanyahou dispose du soutien de 64 députés, ceux des partis du bloc formé autour du Likoud par les deux partis orthodoxes et le parti Sionisme Religieux. C'est ce qui permet à l'ancien et futur Premier ministre israélien de ne pas perdre de temps et d'avancer dans ses propres consultations avec ses partenaires, pour présenter le plus rapidement possible son nouveau gouvernement à l'approbation de la Knesset. Idéalement, Benyamin Netanyahou aimerait que ce vote coïncide avec la séance d'investiture de la nouvelle Knesset, le 15 novembre. Mais ce parcours ne sera pas sans embûche. Là où le chef du Likoud veut boucler au plus vite l'attribution des différents portefeuilles ministériels et obtenir un accord très général sur son programme de gouvernement, ses partenaires n'ont pas tout à fait les mêmes priorités. Le parti nationaliste Sionisme Religieux, comme les partis orthodoxes Shas et Yaadut HaTorah ne veulent pas reporter à plus tard les discussions sur un accord de coalition détaillé et assorti d'un calendrier précis sur les engagements du gouvernement. Les partis orthodoxes ont obtenu un premier succès avec la promesse de Netanyahou de traiter en priorité l'annulation de trois mesures du gouvernement Bennett-Lapid, qui concernaient directement leur secteur. Deux peuvent paraitre anecdotiques : la suppression de la taxe sur la vaisselle jetable, et celle sur les boissons sucrées, des produits très utilisés par les familles orthodoxes, qui sont le segment le plus pauvre de la population israélienne. La troisième est plus politique, puisqu'il s'agit de l'annulation de la réforme sur les conversions et la cacherout, qui visait à briser le monopole ultra-orthodoxe sur ces questions. Mais pour Benyamin Netanyahou, la première véritable épreuve va être celle de la réforme de la Cour Suprême. Depuis des années, les partis orthodoxes et le courant nationaliste religieux réclament une limitation par la loi des compétences de la juridiction dont ils estiment qu'elle intervient dans des domaines qui ne la concernent pas et ce faisant empiète sur les pouvoirs exécutif et législatif. Autrement dit, quand le parlement, qui est le souverain vote une loi, les juges n'ont pas à s'immiscer pour l'annuler. Ce que la Cour Suprême peut faire aujourd'hui, par son interprétation de la législation et la jurisprudence. Pour les élus de Sionisme Religieux, il s'agit de démanteler un "Etat profond", selon eux un noyautage du pouvoir judiciaire par la gauche, qui fausserait le jeu démocratique. Pour les ultraorthodoxes, il s'agit de préserver le statu quo et les acquis de leur secteur, en particulier sur les conditions d'exemption de service militaire pour les étudiants de yéchiva. Les partenaires de la nouvelle coalition réclament donc le vote à la majorité simple d'une loi qui permettra de passer outre un arrêt de la Cour Suprême qui retoquerait une loi votée par la Knesset. Et ils veulent que cela ait lieu tout de suite. Exactement ce que Benyamin Netanyahou voudrait éviter. Jusqu'à sa propre mise en examen, le dirigeant politique s'était toujours posé en défenseur du pouvoir judiciaire et de la Cour Suprême comme garants de la démocratie israélienne. C'est la première mine politique qu'il va devoir désamorcer. [playlist ids="185339"] Pascale Zonszain

pzoom081122

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
Cour Suprême ou portefeuilles ? Netanyahou et sa coalition divergent sur les priorités