La pelade, du nouveau ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

Il s’agit d’une maladie auto-immune, non-infectieuse, non contagieuse, sans danger aucun, qui provoque une chute des cheveux localisée, malheureusement le plus souvent irréversible. Elle affecte dans 2/3 des cas, les moins de 30 ans. Son risque est estimé à un peu plus de 2% avec une incidence familiale dans environ ¼ des cas. La maladie auto-immune résulte d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui conduit ses cellules à s’attaquer à certaines structures qui constituent l’organisme, ici les follicules pileux. Le diabète de type 1, la SEP, la polyarthrite, sont d’autres exemples de maladies auto-immunes. Les raisons de cette auto-agression ne sont pas entièrement comprises, on soupçonne juste une composante héréditaire. Le symptôme principal de la pelade est la perte de cheveux, sous forme de plaques, rondes ou ovalaires, uniques ou multiples, d’évolution centrifuge. Quelques petites touffes fragiles de cheveux peuvent toutefois persister au sein des zones touchées. Elle siège généralement sur le cuir chevelu, à l’arrière du crâne et remonte au-dessus des oreilles, vers les sourcils, les cils, la barbe, parfois les ongles qui deviennent ternes. La pelade est plus exceptionnellement diffuse. Elle évolue par poussées dont le rythme et l’importance sont variables, avec une petite repousse à 6 mois dans 2/3 des cas. Le diagnostic, suspecté par la clinique, est confirmé par un examen dermatoscopique du cuir chevelu. Un terrain atopique qui prédispose par définition à des troubles cutanés et/ou allergiques, l’association à d’autres maladies auto-immunes (thyroïdite de Hashimoto principalement, PCE, DT1), un vitiligo, un psoriasis, une maladie coeliaque, une trisomie 21. Et le stress qu’on incrimine volontiers dans beaucoup d’affections cutanées, la peau constituant notre frontière protectrice contre l’extérieur. Mais son rôle semble ici marginal. Les dermatophytoses, infections cutanées provoquées par des champignons microscopiques ; mais là coexistent des croûtes, des squames de peau qui pèle, des pustules, une desquamation ; un prélèvement confirme le diagnostic. Et il faut savoir penser à un arrachage des cheveux ou trichotillomanie. Il s’agit non d’une infection mais d’un trouble du comportement. Il débute généralement avant ou après la puberté, le plus souvent chez des jeunes femmes qui s’arrachent les cheveux pour soulager une tension interne ou calmer une sensation d’anxiété. Je vais vous décevoir mais aucun traitement n’est vraiment efficace. Bien entendu, la cortisone locale, sous forme de topique, de gel, de mousse ou en injections sous-cutanées fait partie des mesures de 1ère intention. Elle est malheureusement relativement inefficace avec une repousse complète rare. Le minoxidil, une substance plus spécifique, appliqué localement permet l’allongement et l’épaississement des cheveux mais n’agit pas sur la pelade proprement-dite. D’autres produits locaux peuvent être proposés mais ils ont des effets indésirables (irritation locale, pustules, hyperpigmentation, tâches sur le linge) et une efficacité relative tout comme la puvaTt avec son risque carcinogène à long terme chez les sujets à phototype clair. Mais de nouvelles pistes prometteuses, les IL, sont en cours d’évaluation. « Heureux les chauves qui sont les seuls à ne plus perdre leurs cheveux » écrit Claude Frisoni, directeur culturel au Luxembourg. Sans rendre totalement chauve, la pelade retentit néanmoins fortement sur la qualité de vie, d’autant qu’elle atteint une cible nous l’avons dit juvénile, pour laquelle l’esthétique est primordiale. En attendant des progrès pharmacologiques qui ne devraient pas tarder, un soutien psychologique temporaire peut s’avérer utile. Docteur Serge Rafal

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