Une des traditions diplomatiques bien établies est de féliciter le dirigeant d'un pays ami pour son élection. En Israël, on a mesuré à quel rythme sont arrivés les appels au bureau de Benyamin Netanyahou. Et il aura fallu près d'une semaine à la plupart des leaders des grandes puissances pour lever leur téléphone. Mais l'essentiel est que les coups de fil aient eu lieu, parmi eux ceux d'Emmanuel Macron, mais aussi de Joe Biden. Il est vrai que le président des Etats-Unis avait son propre calendrier politique avec les élections de mi-mandat. Presque tous les dirigeants du monde connaissent déjà Benyamin Netanyahou, pour ceux qui étaient aux affaires durant ses précédents mandats à la tête du gouvernement israélien. Mais jamais encore le chef du Likoud n'allait prendre la tête d'une coalition aussi marquée à droite.
S'il n'est évidemment pas question de faire un procès d'intention au prochain Premier ministre israélien, il y a une véritable interrogation sur ce que sera la ligne du gouvernement israélien sur le dossier palestinien, sur le sort des implantations de Judée Samarie, ou sur celui du statu quo sur le Mt du Temple, sans parler de la menace iranienne et éventuellement sa position concernant la guerre russe en Ukraine. C'est particulièrement vrai pour la relation entre Israël et les Etats-Unis, son principal allié stratégique. Sur ce plan, la nouvelle configuration politique israélienne est susceptible d'influer sur le traditionnel soutien bipartisan américain, dans la mesure où le parti Démocrate, et en particulier la nouvelle génération est beaucoup plus critique que ses ainés du parti à l'égard d'Israël. Avec pourtant la possibilité qu'une administration républicaine, peut-être sous la direction de Donald Trump, revienne aux affaires en 2024.
Mais il existe d'ores et déjà un risque réel de voir une érosion supplémentaire du soutien américain à Israël dans l'opinion américaine. On a entendu au lendemain des élections à la Knesset, des déclarations embarrassées du Département d'Etat, indiquant que Washington souhaitait que le futur gouvernement d'Israël "reste guidé par les valeurs communes qui unissent les deux pays, et veille aux droits des minorités". On l'aura compris, la formation d'une coalition israélienne incluant un parti ultranationaliste inquiète les Américains. Les prises de position des leaders de Sionisme Religieux sur une annexion de facto des implantations de Judée Samarie, sur la loyauté des Arabes israéliens, voire sur la communauté LGBT, font craindre aux dirigeants démocrates un virage à droite dans la ligne politique d'Israël.
Benyamin Netanyahou connait très bien les Etats-Unis et leur culture politique. En tant que Premier ministre, il a connu pas moins de quatre présidents américains, et était en relations avec Joe Biden avant qu'il ne devienne le vice-président de Barack Obama. Il comprend parfaitement le fonctionnement de la mécanique politique américaine et sait aussi que les intérêts stratégiques bilatéraux passeront avant les questions de politique intérieure israélienne, tant qu'elles n'influent pas sur l'aspect diplomatique. Mais avec la coalition qui se profile, Benyamin Netanyahou devra trouver le point d'équilibre entre ses alliances politiques et les craintes de Washington.
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Pascale Zonszain
Netanyahou devra rassurer Washington
Israël.
Publié le 09/11/2022 à 09h43 - Par Gabriel Attal
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