Formation du gouvernement Netanyahou : c'est parti

C'est un Benyamin Netanyahou consensuel qui a reçu hier des mains du président Herzog le mandat de former le nouveau gouvernement. " Il y a des divergences dans le peuple sur des sujets importants, mais il y a aussi un large consensus sur le fait qu'Israël est l'Etat nation du peuple juif. Et dans le même temps, il faut préserver tous les droits individuels de chacun des citoyens" a déclaré le chef du Likoud. Benyamin Netanyahou sait qu'il est attendu sur la définition de son programme politique et sur la composition de son gouvernement, sur la scène intérieure comme sur la scène internationale. D'autant que les partis alliés du Likoud qui l'ont recommandé pour former le gouvernement ont déjà fait part de leurs exigences. Ce qui va d'ailleurs constituer la première épreuve du chef du parti conservateur : quels portefeuilles pourra-t-il conserver aux élus de son parti et lesquels devra-t-il concéder à ses alliés ?  Arié Derhy, le patron du Shas a confirmé qu'il postulait pour le ministère des Finances. Le parti orthodoxe séfarade, qui a obtenu 11 sièges dans la nouvelle Knesset, avait axé toute sa campagne sur le social et la crise économique et promis des aides aux classes les plus défavorisées, où l'on retrouve sa base électorale. Mais il n'est pas seul sur les rangs, puisque le dirigeant de Sionisme Religieux, Betsalel Smutrich est aussi intéressé par le ministère des Finances. En réaction à l'annonce d'Arié Derhy, la direction de Sionisme Religieux a aussitôt réclamé le ministère de la Défense pour Betsalel Smutrich et pour faire bonne mesure, ceux de l'Education et des Cultes. Sans compter le portefeuille de la Sécurité intérieure, revendiqué par son colistier Itamar Ben Gvir du parti Puissance Juive. Car il faut comprendre que le Likoud n'est pas seul à mener les tractations et que les partis alliés se disputent entre eux les ministères les plus importants, une façon d'établir une hiérarchie à l'intérieur de la coalition. Le Shas considère qu'il est le parti le plus puissant après le Likoud, puisqu'il a obtenu 11 sièges et que si Sionisme Religieux peut en afficher 14, c'est parce qu'en réalité c'est une liste conjointe de 3 partis différents, où Smutrich n'a que 7 députés. Par ailleurs, Benyamin Netanyahou doit aussi affronter les inquiétudes de différents secteurs. Dans le milieu de la défense, l'éventualité de voir le leader de Sionisme Religieux devenir ministre de la Défense est considéré comme un risque sécuritaire et stratégique, s'il applique par exemple son programme politique sur le renforcement du peuplement juif en Judée Samarie.  Parallèlement, des acteurs économiques redoutent de voir Arié Derhy prendre le ministère des Finances où il pourrait prendre des mesures qui creuseraient le déficit de l'Etat et l'entrainerait dans une spirale d'inflation, s'il multiplie les aides et les subventions à la population orthodoxe. Sans compter que le patron du Shas doit encore passer l'épreuve de la Cour Suprême. Sa récente condamnation pénale pour évasion fiscale pourrait en effet l'empêcher d'entrer au gouvernement. Ce sera aux juges de trancher. Mais dans ces tractations politiques, il y a aussi beaucoup de bluff et d'écrans de fumée. Et dans ce domaine, Benyamin Netanyahou et son fidèle ami Arié Derhy sont clairement les maitres du jeu. Il faut donc s'attendre dans les jours qui viennent à des manœuvres en tout genre, et pas mal de fake news, avant que le chef du Likoud puisse annoncer qu'il a réussi à former le nouveau gouvernement. [playlist ids="186379"] Pascale Zonszain