Gouvernement Lapid, clap de fin

France.

Benyamin Netanyahou doit encore parvenir à un accord avec ses partenaires sur la formation de son gouvernement et d'ici là, c'est Yaïr Lapid qui restera à la tête de l'exécutif israélien. Mais hier, c'était le dernier conseil des ministres pour le 36e gouvernement de l'Etat d'Israël. L'occasion pour le leader centriste, de tirer le bilan des seize mois de pouvoir qu'il aura partagés avec Naftali Bennett. Le leader du défunt parti Yamina était d'ailleurs absent de la réunion, tout comme ses collègues de la Justice, Gideon Saar, et des Finances, Avigdor Liberman. Des chaises vides qui ont rappelé que la coalition sortante a dû essuyer de nombreuses crises au cours de son mandat, comme l'a d'ailleurs reconnu Yaïr Lapid. Le Premier ministre sortant, qui il faut le rappeler, n'a pris ses fonctions que le 1er juillet dernier, après la dissolution de la Knesset, a dressé le récapitulatif du gouvernement depuis son entrée en fonctions en juin 2021. On l'avait presque oublié, mais son mandat avait commencé alors que le Covid continuait à sévir, mais que le confinement avait pu être évité, malgré deux nouvelles vagues de virus. Avec la priorité sanitaire, il y a eu aussi la priorité économique. Le vote d'un budget après trois années sans nouvelle loi de Finances a permis de relancer la machine et la reprise de l'activité a vu le taux de chômage redescendre sous la barre des 5%. Sur le plan sécuritaire, le gouvernement sortant a supervisé deux opérations militaires limitées, l'opération Brise-lames lancée après la vague d'attentats meurtriers du printemps dernier. Elle a permis de freiner les attaques dans les villes du centre d'Israël, mais n'a pas suffi à les enrayer en Judée Samarie, en dépit de résultats, comme le démantèlement du groupe terroriste de la Fosse aux Lions à Naplouse. Mais la situation sur le terrain reste tendue. Quant à l'opération "Aube" lancée contre le Jihad islamique à Gaza début août, elle a atteint les capacités opérationnelles de l'organisation palestinienne, sans toutefois les neutraliser, comme on l'a vu avec le tir de roquettes survenu au début du mois. En ce qui concerne la violence dans le secteur arabe israélien, elle ne régresse pas, malgré les mesures prises, mais le phénomène ancré depuis de nombreuses années ne pouvait se résorber en quelques mois. Sur le plan diplomatique, le gouvernement Bennett-Lapid n'a pas enregistré de nouvelle normalisation, mais une consolidation des Accords d'Abraham et aussi un certain apaisement dans les relations avec les Etats-Unis, malgré les divergences persistantes sur le dossier du nucléaire iranien entre Jérusalem et Washington. Mais si les Etats-Unis et les grandes puissances n'ont toujours pas signé de nouvel accord avec Téhéran, ce n'est pas dû seulement aux oppositions d'Israël. La valse-hésitation sur la crise ukrainienne aura aussi marqué le gouvernement israélien sortant. Dans les premières semaines qui avaient suivi l'invasion russe, le Premier ministre Naftali Bennett avait d'abord tenté une médiation entre Moscou et Kiev, mais la mission était trop lourde pour un petit Etat comme Israël. Et puis les contingences stratégiques d'Israël vis-à-vis de la Russie, présente en Syrie, et le sort des Juifs russes avaient conduit le gouvernement à se faire plus discret, quitte à se voir reprocher par le président Zelensky d'avoir "abandonné" l'Ukraine. Quant à son programme politique, le gouvernement Bennett-Lapid n'aura pas eu le temps d'en aborder les grands dossiers et en particulier les relations entre la religion et l'Etat, dont les débuts de réforme devraient être rapidement détricotés par la nouvelle coalition. [playlist ids="187535"] Pascale Zonszain

pzoom211122

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