Les femmes sont-elles moins bien soignées que les hommes ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

Ces questions qui peuvent paraître saugrenues, méritent d’être formulées. Pendant longtemps, les femmes ont été moins bien représentées dans les essais cliniques, ce qui n’a pas été sans conséquences sur notre façon à nous médecins de prescrire. Si l’on prend l’exemple de la grossesse, les femmes sont très largement absentes des essais cliniques, exclues dès le moindre risque potentiel pour elles ou le bébé. Cette prudence compréhensible fait suite aux 2 plus grands scandales médicaux du XXème siècle, la thalidomide, administrée je vous le rappelle au début des années 60 contre les nausées et responsable de graves malformations fœtales, et le Distilbène°, prescrit de 1948 à 1977 à environ 200 000 femmes, en prévention des accouchements prématurés, responsable lui de malformations génitales et gynécologiques (absence d’utérus), de cancers, et ce sur 3 générations. Les femmes en âge de procréer ont alors été retirées des dits essais et nombre de médicaments n’ont jamais été testés sur elles. Quand vous lisez la notice du pourtant inoffensif magnésium, vous pouvez avoir le sentiment qu’il est dangereux pour la femme enceinte, ce qui est faux, il n’a jamais été étudié pendant la grossesse. En effet, les pathologies cardio-vasculaires ont longtemps été considérées comme principalement masculines alors qu’on connaît maintenant leurs risques chez les dames dont elles constituent la 1ère cause de mortalité dans le monde et bien sûr aussi chez nous. Ceci est corrigé progressivement. Oui nos compagnes sont moins bien diagnostiquées et évidemment moins bien traitées. Elles appellent le Samu en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes, reçoivent plus volontiers en 1ère intention un tranquillisant que les hommes qui sont eux, orientés plus rapidement vers un service de cardiologie. Or on sait qu’à la phase aiguë de l’IDM ou de l’AVC, chaque minute est précieuse et compte. Les dames seraient plus sensibles aux médicaments ? 3 facteurs interviennent. Tout d’abord, les hommes, beaucoup moins dans la prévention que les dames consultent moins, prennent par conséquent moins de médicaments et déclarent donc moins d’effets indésirables. Ensuite, dans les essais cliniques, les doses sont souvent les mêmes dans les 2 sexes, ce qui peut entraîner des concentrations sanguines supérieures et évidemment inciter à surestimer certains effets secondaires. Et enfin, quand on dit qu’elles sont plus douillettes que les hommes, elles sont surtout davantage touchées par les pathologies douloureuses. Il est donc difficile pour les scientifiques de trancher avec certitude et d’affirmer qu’elles souffrent plus ou se plaignent plus que nous les Messieurs. « Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures, si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales » déclarait Sacha Guitry qui contrairement à sa réputation les aimait beaucoup. Elles le sont à présent dans la société et bien sûr en médecine où elles sont même plus nombreuses que nous.    https://youtu.be/opmuRHoGnhc Docteur Serge Rafal

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