Procès de l’attentat de Nice : le dernier accusé a nié son implication, la chronique Michel Zerbib, journaliste judiciaire

France.

La cour d’assises spéciale de Paris a entendu lundi Endri Elezi, le septième et dernier des protagonistes présents au procès de l’attentat de Nice. Cet Albanais de 30 ans est poursuivi pour avoir participé à la fourniture de deux armes. Il encourt cinq ans de prison pour association de malfaiteurs mais pas pour terrorisme.

Dernier accusé interrogé de ce procès important

Ce procès historique avait été au départ présenté comme le procès de seconds couteaux dans le terrible attentat de Nice puisque l’auteur avait été abattu le soir même. Mais en fait ces audiences passionnantes ont été l’occasion de comprendre aussi l’enchaînement des faits qui a conduit à la tragédie. Le procès est entré dans sa dernière phase celle des plaidoiries vers le verdict.

Il a fourni 2 armes

La cour d’assises spéciale antiterroriste de Paris a donc entendu lundi Endri Elezi, le septième et dernier des protagonistes présents au procès de l’attentat de Nice. Cet Albanais de 30 ans est poursuivi pour avoir participé à la fourniture de deux armes. Il serait notamment impliqué dans la vente d’un pistolet semi-automatique, le 12 juillet 2016, à l’auteur du massacre au camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés sur la promenade des Anglais le 14 juillet de cette année. L’accusé nie toute implication. Problème: C’est avec cette arme que le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait ouvert le feu sans atteindre personne avant d’être abattu par la police. Arrivé en France un mois avant l’attentat. A la barre, Endri Elezi explique être arrivé en France début juin 2016 à l’invitation d’un cousin, Adriatik Elezi, qui disait pouvoir l’aider à trouver du travail. « J’avais envie de changer d’horizon », justifie-t-il. Depuis l’adolescence, le jeune homme fait des allers-retours entre l’Albanie et la Grèce, l’Italie ou la Belgique, travaillant comme saisonnier dans l’agriculture ou comme peintre en bâtiment. Il reconnaît aussi avoir été incarcéré sept mois en Belgique après un cambriolage. La mise sur écoute du téléphone de ce cousin montre qu’il « semble vivre en France de cambriolages », observe la première assesseure, Emmanuelle Bessone. « Je ne savais pas. On se voyait, on prenait des cafés, mais je ne savais pas ce qu’il faisait concrètement », assure Endri Elezi. Le jeune homme conteste toute implication dans la transaction autour du pistolet : « On n’a jamais évoqué d’armes ensemble. »

Quelle destination pour les armes ?

Il affirme aussi ne pas connaître Artan Henaj, coaccusé, à qui le pistolet sera remis et qui le vendra à l’auteur de l’attentat par le biais d’un autre accusé, Ramzi Arefa. Mais son cousin avait dit le contraire dans la procédure. « Je ne le connaissais pas avant. Si je l’avais connu, je vous l’aurais dit », a-t-il juré en Albanais. Eleizi , de plus en plus stressé ,va reconnaître seulement être allé chercher un sac contenant un fusil d’assaut, dissimulé sur les hauteurs de Nice, sur instructions de son cousin. Cette arme sans munition sera d’ailleurs retrouvée dans la cave de l’immeuble où habitait Ramzi Arefa, deux jours après l’attentat. Plus gênant encore le 17 juillet, jour de l’interpellation d’Artan Henaj, Endri Elezi et son cousin changent de ligne téléphonique! « Vous savez pertinemment que l’une des armes que vous avez transportées est susceptible d’avoir servi à l’attentat, puisque c’est ce que dit Adriatik Elezi pour justifier ce changement de ligne », a lancé le président de la cour, Laurent Raviot. Une nouvelle fois l’Albanais nie toute implication « A l’époque je ne savais même pas qui avait été interpellé. C’est lui qui m’a amené » la nouvelle puce téléphonique, s’est-il défendu. La Cour a rappelé que Adriatik Elezi, également mis en examen dans l’enquête sur l’attentat, s’est suicidé en juin 2018 en détention. Action publique éteinte donc. En pleurs sur le banc des accusés: Elezi encourt 5 ans de prison. Selon Endri Elezi, son départ de Nice pour l’Italie, fin juillet 2016, n’est pas non plus lié à la crainte d’être interpellé après l’attentat. « J’ai jamais pensé à une telle chose », assure-t-il, expliquant son départ par l’absence de travail stable en France. Il sera arrêté début 2021 en Italie, où il venait de s’installer avec sa femme et ses enfants. A noter que cet homme comparaît libre sous contrôle judiciaire depuis un an. A la fin de son interrogatoire, l’accusé, qui encourt cinq ans de prison, s’est effondré en pleurs sur le banc. Un procès qui continue chaque jour a apporter son lot d’informations sur les enchaînements de faits qui ont conduit au massacre de masse de terrible 16 juillet sur la Promenade de Nice. Mercredi commencent les plaidoiries des parties civiles. Michel Zerbib

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