Néguev et Galilée, la nouvelle frontière

Israël.

Hier s'est tenu à Jérusalem un congrès d'urgence sur la sécurité et la gouvernance dans le Néguev et la Galilée. Ce sont des élus locaux, mais aussi d'anciens responsables des services de sécurité qui ont longuement planché sur le sujet et publié un document de recommandations qu'ils vont remettre au gouvernement, dès qu'il sera formé. Le phénomène de violence et d'insécurité ne fait que s'aggraver depuis maintenant une vingtaine d'années, pour produire une situation où les autorités locales, mais aussi la police peinent de plus en plus à maintenir l'ordre public dans ces régions de la périphérie israélienne. On avait atteint un pic de violence lors des émeutes du printemps 2021, qui avaient également touché des villes à population mixte. Mais si la poussée de fièvre était retombée, les symptômes eux, sont toujours là. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. D'abord, le fait que la police se soit largement retirée des localités arabes israéliennes, à la suite des émeutes d'octobre 2000. Ce qui devait permettre d'apaiser les tensions, a surtout accentué des phénomènes de zones de non droit, où des bandes armées ou des organisations mafieuses se sont substituées aux autorités. Et ce qui a commencé dans les localités arabes, s'est progressivement étendu aux localités juives, avec une recrudescence de vols de matériels et de récoltes agricoles, puis d'actes de racket qui ont visé de plus en plus de commerçants, d'artisans, de petits exploitants, d'entreprises de travaux, qui ne peuvent plus travailler s'ils ne versent pas une redevance pour leur "protection" à des organisations criminelles. Dans le nord d'Israël, la prolongation de la route 6, l'autoroute qui doit finir de désenclaver la Galilée, est interrompue pour cause de manque de main d'œuvre, car les entrepreneurs ont peur. Les citoyens arabes sont les premiers à être victimes de la violence et représentent la quasi-totalité des victimes d'homicide par arme à feu. Au cours du weekend, quatre personnes ont perdu la vie dans la localité de Tira en Galilée. Et le manque de policiers n'est pas le seul facteur. La société arabe est aussi impactée par des problèmes économiques, une pénurie d'infrastructures et d'équipements et une défiance croissante des jeunes générations envers les institutions de l'Etat. Et dans ce contexte, le rôle d'accélérateur joué par les réseaux sociaux amplifie encore le phénomène. Pour les élus et les experts qui se sont réunis hier à Jérusalem, la solution ne passera pas seulement par une présence policière renforcée. Il faut d'un côté restaurer la confiance de la population arabe israélienne, investir dans l'éducation, l'emploi et l'égalité des chances, mais aussi considérer l'aspect démographique. Aujourd'hui, en Galilée, les Juifs ne représentent que 14% de la population et dans le Néguev, la population juive est en train de perdre la majorité, qui s'est déjà diluée dans certaines zones du sud d'Israël. Pour le Forum pour la Galilée et le Néguev, qui se présente comme apolitique, il faut que le gouvernement s'attelle à un plan de peuplement de ces deux régions, de façon à augmenter d'ici 2032 la population juive en Galilée d'un million et demi et de 750.000 personnes dans le Néguev. La périphérie d'Israël, ce sont aujourd'hui ses frontières intérieures, avertissent les experts du Forum, et c'est maintenant qu'il faut agir, pour la sécurité et la pérennité du pays. Pascale Zonszain

pzoom281122

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