Prendre ou ne pas prendre le traitement hormonal de la ménopause ? La chronique du docteur Serge Rafal

France.

J’ai vécu une période pas si lointaine, où les femmes au moment de la ménopause, se voyaient proposer presque systématiquement, un traitement hormonal substitutif à titre curatif de leurs troubles climatériques, et préventif d’un sur-risque osseux ou ostéoporose. Ce traitement hormonal substitutif est devenu à présent traitement hormonal de la ménopause et il est beaucoup moins prescrit.  - Les bouffées de chaleur, à prédominance nocturne, présentes chez 80% des femmes caucasiennes, qui illustrent de façon caricaturale cette période de la vie des femmes ; - Des troubles de l’humeur (déprime, dépression, sommeil perturbé, mal-être général) ; - Des signes génito-urinaires (dls, brûlures, gratouille, infections à répétition, envies fréquentes d’uriner ou pollakiurie) et une sécheresse de la peau et des muqueuses principalement vaginale, responsable de dls au moment des rapports (dyspareunie) ; - Une diminution de la  libido. Mais chez les femmes asiatiques, les douleurs articulaires et ligamentaires constituent la plainte la plus courante.  La carence oestrogénique est responsable d’une perte osseuse qui concerne l’ensemble du squelette et qu’on authentifie par l’ODM, examen d’imagerie, qui étudie la minéralisation sur 3 zones : poignet, hanche, vertèbres lombaires. On note une modification de l’architecture osseuse qui fragilise l’os et entraîne un risque ou d’emblée une fracture. Et surtout la ménopause expose, on le sait maintenant avec certitude, à une menace cardio-vasculaire accrue qui rejoint celle des Mrs. On note une prise de poids androïde avec moins de cellulite et plus de ventre, une insulino-résistance responsable d’un DT2, une augmentation du mauvais cholestérol ou LDL, une progression des dépôts de cholestérol sur la paroi des vaisseaux sanguins et des accidents thrombotiques. Ce risque cardio-vasculaire réel et péjoratif doit impérativement être pris en compte. Il l’identifie et l’évalue, en fonction des antécédents personnels et de l’état de santé, met en place des mesures préventives ou curatives en proposant (ou pas) depuis les années 60, un traitement hormonal. Celui-ci constitue en effet le traitement le plus efficace des bouffées, un peu moins celui des troubles génito-urinaires. Ceux-ci sont traités par des produits locaux : lubrifiants, hydratants, hormones vaginales. Et pour la prévention de la prise de poids, les mesures hygiéno-diététiques, dont nous avons parlé le 10 novembre (poscast à réécouter sur notre site). Les études sont contradictoires. Ces hormones auraient un effet bénéfique dans la prévention de l’athérosclérose, mais une fois les plaques formées, elles pourraient favoriser leur rupture. Du coup, le THM n’est plus recommandé en prévention cardio-vasculaire.  Les hormones ont fait la preuve de leur efficacité, surtout lorsqu’elles sont prescrites avant l’âge de 60 ans. La décision est prise au cas par cas, après avoir pratiqué une ODM. Si le T-score est égal ou supérieur à - 2,5 et que la balance bénéfices risques est positive, le THM est proposé. D’après les dernières études, la balance est largement bénéfique dans la tranche 50-60 ans avec une diminution de la mortalité globale et une réduction des fractures et du diabète. Cette balance bénéfices-risques doit toutefois être réévaluée tous les ans. Le surrisque de K du sein est minime avec les produits utilisés en France (oestrogènes + progestérone micronisée) pour un traitement de moins de 5 ans. On ne le donne plus pour des périodes longues, ce qui pose parfois le problème d’un rebond et du relais à son arrêt.  Les K hormono-dépendants, les antécédents thrombo-emboliques, les affections hépatiques constituent des contre-indications absolues. « Qui ne risque rien n’attrape rien » dit un proverbe italien. « Qui ne risque rien, n’a rien » rétorquent les Français. Mais il est hors de question de prendre le moindre risque en matière de santé a fortiori pour supprimer des symptômes fonctionnels qui ne mettent pas la vie en danger. Primum non nocere. Les femmes l’ont bien assimilé. Elles étaient 2 millions à prendre des hormones au début du millénaire, elles ne sont plus que 400 000 actuellement.  https://youtu.be/Q7hj_h6YFmc Docteur Serge Rafal

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