Vers une politisation de la défense israélienne ?

Israël.

Cela a commencé avec l'accord conclu entre le Likoud et le parti Puissance Juive qui donne à Itamar Ben Gvir le portefeuille de la Sécurité Nationale. Ce n'est pas tant sa nomination en tant que telle, qui inquiète certains membres de l'échelon militaire et des services de sécurité israéliens, que les compétences accordées à cette version augmentée du ministère de la Sécurité Intérieure. Pour satisfaire aux demandes du parti ultranationaliste, le Likoud a accepté de retirer certaines prérogatives qui relevaient jusque-là du ministère de la Défense pour les ajouter à celles du ministère de Ben Gvir. Parmi elles, le contrôle des gardes-frontière déployés en Judée Samarie, qui relevaient auparavant du ministère de la Défense. Ce que le ministre de la Défense sortant, Benny Gantz compare à donner au leader de Puissance Juive une milice privée à ses ordres dans les territoires. Les gardes-frontière qui effectuent des opérations de maintien de l'ordre ou de sécurisation des implantations dépendront maintenant du ministère de la Sécurité Nationale, privant le ministère de la Défense d'un contrôle global des forces de sécurité au-delà de la ligne Verte. De la même manière, certaines compétences relevant de l'administration civile des Territoires passeront de la Défense à la Sécurité Nationale, mais aussi au futur ministère des Finances qui devrait échoir au leader de Sionisme Religieux, Betsalel Smutrich. Ce qui signifie réduire d'autant la marge de manœuvre de Tsahal dans sa coordination avec les services de sécurité de l'Autorité Palestinienne. Pour Amos Gilead, qui a longtemps dirigé le pôle diplomatique du ministère de la Défense, cela rendrait par exemple impossible les tractations menées entre Israël et l'Autorité Palestinienne et qui avaient permis la semaine dernière de récupérer le corps du jeune Druze israélien tué à Djénine et capturé par des terroristes. Certains professionnels de la Défense israélienne redoutent également une politisation de l'armée et des forces de sécurité, en regroupant certains pouvoirs au sein de ministères, assemblés à des fins idéologiques et qui risquent d'affaiblir le processus de décision qui relève en dernière instance du ministre de la Défense et surtout du chef du gouvernement, mais aussi celui de la chaine de commandement militaire. Il est fondamental que les soldats de Tsahal soient assurés du soutien de leur commandement comme de celui des institutions de l'Etat. Afin de remplir leur mission de défense et de sécurité du pays, ils doivent savoir que leurs actions sur le terrain ne seront pas retenues contre eux, pour autant qu'ils aient respecté les ordres et les règles d'engagement. Mais il faut aussi pour cela, que les consignes soient claires et surtout exemptes de toute connotation politique, qui serait contreproductive. Deux incidents survenus au cours des derniers jours peuvent servir de baromètre. La montée au créneau des partis d'extrême-droite pour soutenir les soldats impliqués dans un accrochage avec des militants d'extrême-gauche vendredi à Hébron, face à une décision peut-être trop hâtive du chef d'état-major de les mettre à pied. Et l'expédition punitive pour laquelle ont été arrêtés trois soldats druzes d'un bataillon de blindés de Tsahal, soupçonnés d'avoir jeté une bombe artisanale hier contre la maison d'un Palestinien près de Bethléem, en représailles pour la mort du jeune Druze la semaine dernière à Djénine. A aucun prix, des facteurs extérieurs, politiques ou sectoriels, ne doivent s'infiltrer dans les rangs de la défense israélienne. Pascale Zonszain

pzoom291122

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