Le sel nouveau matériau de construction, la chronique de Jean-François Strouf

Israël.

Je suis une société qui produit des vêtements : je peux décider de réduire ma consommation d’eau, d’électricité, tendre vers le zéro déchet ou voir quel type de déchet peut devenir un matériau pour en faire quelque chose d’utile. Par exemple je porte aujourd’hui deux sortes de vêtements fabriqués à base de flets de pêche recyclés ! Aucune de ces problématiques ne convient à couvrir le sujet d’aujourd’hui parce que nous partons d’un élément différent :  nous avons trop de sel. Il y en a littéralement des montagnes, et elles grossissent de jour en jour, d'heure en heure. Une petite proportion du sel mondial est utilisée pour l'alimentation. Mais la grande majorité est un déchet, qui reste après que les usines de dessalement ont rendu l'eau de mer potable, ou après que les industries lourdes en ont extrait la potasse - des formes solubles de potassium - pour les engrais. Daniel Mandler, professeur de chimie à l'Université hébraïque de Jérusalem veut le transformer en briques, dans ce qui pourrait être un énorme défi gagnant-gagnant pour la planète. Il transformerait un polluant sans valeur en un matériau de construction solide et précieux, et il ferait une brèche dans l'énorme empreinte carbone de l'industrie du ciment. Il a déjà produit des prototypes de briques dans son laboratoire. Il ajoute un mélange breveté d'ingrédients pour empêcher la dissolution du sel, le broie et le comprime en une brique plusieurs fois plus résistante que le ciment. A la frontière entre Israël et la Jordanie, le sel de la Mer Morte, le point le plus bas de la Terre, s'évapore dans de vastes bassins pour produire de la potasse. Rien que du côté israélien, cela produit 20 millions de tonnes par an de sel dont personne ne veut. Il peut y avoir un temps de latence assez long entre la recherche et la mise en exploitation industrielle. Le conservatisme des entreprises du bâtiment et la garantie que ce matériau ne s’effondrera pas. Mais ce produit qui ne demande qu’à être exploité et dont le coût est sans aucun doute bien inférieur aux autres matériaux représente une vraie opportunité. Jean-François Strouf

096-strouf-012222

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