Les compléments alimentaires, pas toujours indispensables ! Chronique du docteur Serge Rafal

France.

Je m’intéresse de longue date à ces produits et continue à être étonné par l’utilisation pour le moment anarchique qui en est faite. Ils connaissent un véritable engouement depuis les années 2000, sont largement consommés par de nombreux Français, pas toujours à bon escient… ce qui peut se révéler vous l’avez dit non seulement inutile mais parfois dangereux. Bien sûr on prend ces compléments alimentaires pour des raisons de santé. Ils sont d’ailleurs le plus souvent achetés en (para)pharmacie, en ce moment pour se protéger des infections saisonnières ou du Covid ou lutter contre la fatigue, le stress, une déprime, parfois une pathologie plus grave. Ils contiennent généralement des vitamines, des minéraux, des oligo-éléments, des nutriments, des plantes et sont destinés à compléter l’alimentation et à renforcer ainsi l’organisme. Comme leur appellation l’indique, ils ne devraient intervenir qu’en complément du régime alimentaire et ne devraient donc être prescrits qu’après un bilan diététique destiné à identifier ou estimer les substances qui font éventuellement défaut. Ceci est en réalité rarement le cas. Leur présentation (ampoules, comprimés, gélules, pilules, poudre) et leur vente dans un circuit médical donnent évidemment à penser que ce sont des médicaments. Mais leur composition est calquée sur les apports alimentaires et pas sur les doses thérapeutiques. Leur efficacité n’est d’ailleurs pas exigée pour leur mise sur le marché. Ils doivent juste se conformer au règlement européen et ne pas faire référence à des propriétés curatives qui en feraient des médicaments. Ils ont d’ailleurs droit à 2 types d’allégations : - Nutritionnelles comme « riches en »… ou « pauvres en » qui visent à informer le consommateur de leur teneur calorique, la présence ou l’absence de tel ou tel nutriment ou substance, - De santé qui informent de l’existence d’un lien entre leur consommation et un effet sur la santé. Un exemple ? Vous allez trouver sur une boîte de compléments alimentaires à visée rhumatologique la mention « contribue au confort articulaire » et pas « soulage l’arthrose », accompagnée d’une phrase du type : « À consommer dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée ». Et pas une indication médicale précise comme n’importe quel médicament.  Certaines plantes comme l’aloès (aloé vera), la bourdaine, la rhubarbe, le séné qu’on trouve dans des laxatifs peuvent entrainer des désordres hydro-électrolytiques (hypoKs). La levure de riz rouge sécrète une monacoline, en réalité une statine non commercialisée en France, qui réduit le cholestérol. Les patients peuvent avoir le sentiment qu’ils prennent un produit naturel, en réalité un médicament avec les mêmes rares inconvénients (troubles musculaires). Les patients sous chimiothérapie doivent se méfier des antioxydants qui peuvent interférer avec leur traitement, qui pour agir, produit des radicaux libres à visée thérapeutique. Le curcuma est très présent dans de nombreux compléments à visée anti-inflammatoire. Son principe actif, la curcumine, qui a une capacité d’assimilation très largement supérieure (X par 10 voire 15) à la forme naturelle, peut interférer avec les anticoagulants, les anticancéreux, les immunosuppresseurs, occasionner des malaises, de la fatigue, des perturbations hépatiques et se révéler finalement toxique à doses élevées. Bien sûr il existe une pharmacovigilance. L’Anses gère ce qu’on appelle un dispositif de nutri-vigilance qui recense les effets indésirables rapportés par le grand public ou les professionnels de santé. C’est ainsi que plus de 5000 signalements ont été faits entre 2009 et 2019 sur des produits principalement de minceur, de beauté, de sommeil et pour le sport. Pour certaines populations et situations c'est utile les compléments alimentaires. Des acides gras, la vit D, les vitamines C et D chez les ados, le fer chez des jeunes femmes aux règles abondantes, des om-3, du Mg et de la B9 chez la femme enceinte, de la vit B12 chez les végétaliens stricts, du Ca, de la citrulline, des protéines chez les seniors, des vitamines du groupe B pour les déficits cognitifs, la fatigue, parfois les douleurs. Mais les compléments alimentaires vous l’avez compris ne sont pas indispensables ni même utiles pour tout le monde.  « Mourir en bonne santé, c’est le vœu le plus cher de tout bon vivant bien portant » nous dit Pierre Dac. Alors faisons plus confiance à une alimentation équilibrée qu’à des compléments alimentaires, surtout s’ils sont choisis au petit bonheur la chance et sur le packaging.  https://youtu.be/RlCsrMWclYk Docteur Serge Rafal

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