Le dialogue Netanyahou-Biden a commencé

Israël.

Benyamin Netanyahou a toujours su maitriser sa communication et cibler son public. Pendant la campagne électorale, il avait évité les plateaux de télévision et les grands meetings pour leur préférer les réseaux sociaux et les rencontres avec ses électeurs à bord d'un camion transformé en podium mobile. Et depuis les élections, le chef du Likoud a opté pour un silence radio en hébreu, laissant à ses proches conseillers le soin de parler au public ou d'apostropher la future opposition. Pourtant, le chef du gouvernement israélien désigné ne mesure ni son temps ni son énergie, quand il s'agit d'accorder des interviews aux médias américains. Dimanche, c'est dans le célèbre programme "Meet the Press" de la chaine NBC, que le chef du Likoud a répondu aux questions des journalistes. Comme s'il considérait comme une priorité de s'adresser au public américain. Benyamin Netanyahou a toujours été attentif à l'humeur de l'opinion d'outre-Atlantique, au moins autant qu'à celle de ses concitoyens. Mais là, c'est plus précisément à l'administration Biden que le futur Premier ministre destine ses messages rassurants. Une fois de plus, il a tenu à préciser qu'il resterait le seul maitre à bord, quelle que soit la couleur politique de sa coalition. Comme s'il jouait simultanément deux parties sur des échiquiers différents, il avance ses pièces sur le jeu intérieur en donnant à ses alliés nationalistes et religieux les portefeuilles et les responsabilités qu'ils réclament pour mettre en œuvre leur idéologie et satisfaire leur électorat, et promet un gouvernement de droite conforme au verdict des urnes. Et sur le tableau extérieur, c'est lui-même qu'il met en avant, présentant ses alliés comme des faire-valoir. Ben Gvir, Maoz et Smutrich ont leurs opinions, mais leurs projets de réforme du système judiciaire, de l'administration des implantations de Judée Samarie, de l'enseignement public ou de la définition de la judéité ne se concrétiseront pas, assure Benyamin Netanyahou, car c'est lui qui "en première et en dernière instance", fixe la politique de son gouvernement, affirmait-il dimanche sur NBC. Personne ne touchera au caractère démocratique de l'Etat d'Israël, personne ne portera atteinte aux droits des LGBT. Quant à la réforme de la Loi du Retour, qui inquiète tant les leaders de la communauté juive américaine, elle n'est pas réaliste, rassure le chef du Likoud. Dans ce dialogue indirect, les dirigeants américains jouent eux aussi leur partition. Le Secrétaire d'Etat Antony Blinken promet que son administration jugera le gouvernement israélien sur ses actes et non sur les individus qui le composent. Ted Nides, l'ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem quant à lui, prend soin de n'évoquer que Benyamin Netanyahou quand il parle du futur gouvernement israélien, préférant laisser dans l'ombre ses membres nationalistes, un peu trop embarrassants pour Washington. D'ailleurs, le futur Premier ministre israélien ne semble pas se formaliser de cette frilosité de l'administration démocrate. Car il sait qu'il aura rapidement besoin d'établir un canal de communication et des liens de confiance avec ces partenaires américains qu'il connait déjà bien, puisqu'il était encore à la tête du gouvernement en 2021, durant les premiers mois de Joe Biden à la Maison Blanche. Que ce soit sur le dossier iranien, la situation régionale, ou les enjeux géopolitiques, Netanyahou aura besoin d'être entendu par le chef de la Maison Blanche. Et cela commence par le convaincre qu'il a bien seul, "les deux mains sur le volant" du gouvernement israélien. Pascale Zonszain

pzoom061222

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