Au procès de l'attentat de Nice, l'accusation a prévenu ce mardi que les accusés devaient être jugés "exclusivement pour les faits qui leur sont reprochés", même si cela pouvait générer des "frustrations" pour les victimes. "Il y aura des frustrations, c'est inévitable", a déclaré l'avocate générale Alexa Dubourg en ouvrant le réquisitoire à trois voix du Parquet national antiterroriste (Pnat). Elle a rappelé qu'"aucun" des huit accusés devant la cour d'assises spéciale ne pouvait être jugé "comme s'il était l'auteur de l'attentat".
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le terroriste Tunisien de 31 ans est le grand absent de ce procès. Trois accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste -et non pour complicité de l'acte- et cinq pour trafic d'armes, sans qualification terroriste. La représentante de l'accusation a toutefois contredit ceux qui estiment que les accusés sont là "parce qu'on a cherché des boucs émissaires et qu'on a voulu un procès à tout prix". "Il y avait des charges suffisantes pour qu'un procès se tienne. (...) Personne ne peut venir dire que le dossier est vide", a-t-elle assuré.
Le ministère public comprend les victimes de ce drame absolu
La vice-procureure a d’abord voulu redire aux victimes de ce "drame absolu", qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés sur la promenade des Anglais qu'ils avaient "parfaitement compris" leurs souffrances "immenses, insondables, parfois indicibles". Alexa Dubourg a également souligné "la singularité de l'horreur" de cet attentat, survenu en pleine vague d'attaques jihadistes, parce qu'il avait pris pour cible "des familles, et parmi elles, des enfants". Quinze enfants et adolescents ont été tués par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.Les autopsies sans informer les familles : le PNAT a failli
La représentante du Pnat a certes défendu le principe des autopsies judiciaires, parfois "nécessaires »,mais elle a admis que le Pnat avait "failli" dans son "obligation légale" d'information des familles des victimes, ce qui avait engendré "une souffrance supplémentaire" et "une rupture de confiance avec l'institution judiciaire".La nature terroriste de l’attentat commis par Mohamed Lahouaiej Bouhlel
Alexa Dubourg a ensuite démontré de façon très pédagogique la "nature terroriste" de l'acte commis par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a "troublé l'ordre public de façon exceptionnellement grave", rappelant qu'il avait cherché à louer spécifiquement un véhicule de 19 tonnes. "Il voulait un camion le plus lourd et le plus puissant possible. Il sait précisément ce qu'il cherche: tuer en faisant un carnage."Le terroriste a voulu donner une dimension clairement djihadiste
Si la motivation jihadiste du tueur n'est pas nécessaire pour caractériser la nature terroriste de son acte, l'avocate générale a ajouté qu'il avait "très clairement voulu (lui) donner une dimension jihadiste" et rappelé son "processus de radicalisation" et son "obsession pour le jihad" dans les semaines précédant le 14-Juillet. Michel Zerbib, envoyé spécial de Radio J au procès des attentats de NiceA lire aussi
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.