Les IPP, ce n’est pas non plus automatique ! Chronique du docteur Serge Rafal

France.

Problème effectivement très fréquent puisque ce mésusage des « IPP » concernerait entre 40 et 80 % des patients, selon une enquête de l’Agence nationale de sécurité du médicament et une étude de l’Assurance maladie. Or ces médicaments sont aujourd’hui consommés, au moins une fois par an, par environ un quart des Français, oui 16 millions de patients. Dans quelles indications sont-ils prescrits ? 3 essentiellement : - Le traitement de l’ulcère gastro-duodénal et l’éradication de la bactérie responsable, Hélicobacter pylori ; - Le traitement du reflux gastro-oesophagien et de l’oesophagite, inflammation du bas œsophage par remontée du très acide liquide stomacal à travers un sphincter, le cardia, qui n’est plus totalement étanche ; - La prévention des lésions gastro-duodénales, dues aux anti-inflammatoires chez les patients à risques (plus de 65 ans,  avec des antécédents d’ulcère qui a saigné, la prise d’antiagrégant plaquettaire, de cortisone, d’un anticoagulant).  Dans quel cas parle t-on de mésusage ? 3 également. – La prévention totalement inutile de lésions gastro-duodénales chez un patient qui n’est pas à risques. Et c’est vrai que nous avions l’habitude d’associer trop systématiquement, dans environ 80% des cas, un IPP à un anti-inflammatoire chez un patient jeune, sans risque aucun ; - Une prescription beaucoup trop longue sans réévaluation de l’état du patient ; - Une prescription abusive aux âges extrêmes de la vie : - Les nourrissons et les enfants pour des régurgitations qui généralement ne relèvent pas de ce médicament, - Les seniors largement polymédiqués, qui présentent donc des risques d’effets secondaires (diarrhée, nausées, vomissements, douleurs abdominales, maux de tête) ou d’interactions, principalement avec les immunosuppresseurs et les médicaments du HIV. Comment l’IPP doit-il être prescrit dans le reflux gastro-oesophagien ? Pour 4 semaines maximum en cas de remontées acides, de brûlures gastriques post-prandiales (= après les repas), de régurgitations. Mais ils ne sont pas justifiés comme test thérapeutique ou d’épreuve pour des manifestations extra-digestives (symptômes ORL, toux, asthme ; douleur thoracique). Et un traitement au long cours par les IPP est rarement justifié et pourtant régulièrement prescrit et prolongé ou auto-administré puisque l’oméprazole peut s’acheter sans ordonnance. Beaumarchais a raison lorsqu’il écrit dans « Le mariage de Figaro » : « L’usage est souvent un abus ». Alors que dire lorsqu’il s’agit d’un mésusage. Vous l’avez compris, les IPP doivent être mieux ordonnés par les médecins et poursuivis moins longtemps par les patients. Leur renouvellement ne doit plus être automatique, sans évaluation de la situation médicale. https://youtu.be/04h3gdWNLfg Docteur Serge Rafal

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