L'opposition israélienne cherche sa voie

Israël.

Dans ces tractations de coalition qui n'en finissent pas, c'est l'ensemble du nouveau paysage politique israélien qui peine à se mettre en place. Les ministres encore en poste sont déjà dans l'opposition, même s'ils ont encore le titre et la responsabilité du gouvernement. Ce qui provoque une sérieuse cacophonie dans le débat public. Vendredi, c'est celui qui est encore Premier ministre en titre, Yaïr Lapid, qui manifestait à Tel Aviv contre le gouvernement pas encore formé de Benyamin Netanyahou. Le leader du parti centriste, en t-shirt noir mais entouré de ses gardes du corps de Premier ministre, a accusé son successeur de mettre la démocratie israélienne en péril en se laissant pressurer par des partenaires plus jeunes et plus déterminés que lui. "Ce gouvernement est dingue et sera ingérable" a affirmé Yaïr Lapid. Ce dédoublement de personnalité politique n'est qu'un exemple de cette zone grise, où personne ne trouve vraiment sa place. Ce que le ministre de la Défense sortant Benny Gantz, n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler à celui qui est encore son chef de gouvernement : "je ne suis pas sûr qu'aller manifester sur un pont soit le meilleur modèle à suivre pour protester contre le gouvernement" a déclaré Benny Gantz, qui se démarque aussi du ton plus agressif de Yaïr Lapid à l'égard de Benyamin Netanyahou. Et pas seulement de Lapid d'ailleurs. Le leader du parti de centre-droite Unité Nationale tient à apparaitre plus modéré et réservé que ses autres collègues de l'ex-coalition, comme s'il préservait une option d'alliance ultérieure avec le Likoud. C'est que les contours de la nouvelle opposition ne sont pas encore très clairs, pas plus que la ligne qu'elle décidera de suivre. C'est bien Yaïr Lapid, à la tête du parti le plus important après le Likoud, qui va prendre la tête de l'opposition à la Knesset. Mais depuis les élections du 1er novembre, les partis de ce que l'on appelait le bloc du changement ne sont plus vraiment un bloc. Après une campagne en ordre dispersé et sans stratégie globale, le parti Yesh Atid de Yaïr Lapid est le seul à avoir amélioré son score, mais aux dépens de ses partenaires, qui d'ailleurs ne le lui pardonnent pas. L'opposition parlementaire est encore très loin d'être organisée, comme en témoignent les couacs de ces derniers jours. Faut-il bloquer le programme de la coalition en assemblée plénière et jouer sur l'obstruction pour espérer mettre Benyamin Netanyahou en échec et l'empêcher de boucler son accord de coalition dans le délai qui lui reste ? C'est que pour s'assurer le soutien de ses partenaires, le chef du Likoud a dû s'engager à faire voter plusieurs réformes avant l'investiture du gouvernement. Dans ce marathon législatif, les députés d'opposition peuvent présenter des centaines, voire des milliers d'amendements pour retarder le passage des lois avant le 21 décembre. Le parti de Yaïr Lapid a déjà dû faire machine arrière sur l'élection du président de la Knesset, qu'il a pourtant réussi à retarder de 24 heures. Mais tout cela, comme les appels aux manifestations et à la défense de la démocratie hors des murs du parlement manquent clairement de cohésion. Les partis de l'opposition apparaissent encore indécis. Soit ils considèrent que tout n'est pas encore joué et que Benyamin Netanyahou peut échouer à former son gouvernement, soit ils considèrent que le gouvernement de coalition du Likoud est un fait accompli et qu'il faut s'engager dans une action parlementaire sur le long terme. A l'évidence, tous n'ont pas encore tranché. Et compter sur le sabordage des partis de la majorité n'a jamais fait une politique d'opposition. Pascale Zonszain

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