Pessimisme palestinien tempéré par le Mondial

Israël.

Quatre fois par an, le Centre palestinien de recherche politique basé à Ramallah, sonde l'opinion palestinienne en Judée-Samarie, à Gaza et à Jérusalem-est. L'enquête qu'il vient de publier est particulièrement intéressante, dans la mesure où elle a été réalisée entre le 7 et le 10 décembre, soit depuis l'escalade de la violence de cet automne en Judée Samarie et les opérations antiterroristes de Tsahal, notamment contre le groupe de la Fosse aux Lions, qui s'était formé à Naplouse. Et aussi d'ailleurs après les élections israéliennes. D'où il ressort que 70% des Palestiniens sont favorables à la formation de groupes armés, comme celui de la Fosse aux Lions qui ne soient ni soumis ni affiliés aux services de sécurité de l'Autonomie et ils sont seulement 10% à estimer que l'Autorité Palestinienne a le droit de les arrêter ou de les désarmer. 59% estiment que ces groupes vont se propager à d'autres villes des territoires palestiniens de Judée Samarie et dans le même temps, ils sont autant à craindre que cela ne déclenche des violences inter-palestiniennes. Par rapport à la situation politique en Israël résultant des élections de novembre, les Palestiniens sont 61% à estimer que la politique du nouveau gouvernement israélien sera plus agressive à leur égard. 58% des Palestiniens interrogés s'attendent à ce qu'Israël modifie le statu quo en vigueur sur le Mont du Temple pour y autoriser les prières juives. Et 67% ne voient pas d'amélioration future dans les relations avec Israël. 69% des Palestiniens ne voient plus la solution à deux Etats comme un moyen réaliste de règlement du conflit et ils sont plus de 70% à penser qu'un Etat palestinien n'a que très peu de chances d'émerger dans les 5 ans à venir. En ce qui concerne les moyens de régler le conflit avec Israël, 51% des Palestiniens sont favorables à la lutte armée, 23% à la résistance populaire et 21% seulement, recommandent les négociations. Ces opinions montrent aussi une défiance et un rejet de la politique menée par le chef de l'Autorité Palestinienne. D'ailleurs, si une élection présidentielle avait lieu aujourd'hui dans les territoires autonomes, Mahmoud Abbas serait battu par le dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Ce pessimisme général de l'opinion palestinienne ne s'est infléchi que sur un seul point : les effets de la coupe du monde de football au Qatar. Depuis le début du Mondial, les manifestations de solidarité avec les Palestiniens, en particulier de la part du monde arabe, ont été perçues comme leur sortie du purgatoire. 66% des Palestiniens affirment qu'ils ont repris confiance dans les peuples arabes, qui les avaient déçus par la normalisation de leurs relations avec Israël. Les drapeaux palestiniens brandis par l'équipe du Maroc, par les supporters dans les gradins au Qatar et les défilés aux couleurs palestiniennes dans les pays arabes, mais aussi en Europe ont rendu aux Palestiniens un sentiment de centralité et de référence identitaire. Dans les villes palestiniennes de Judée Samarie, à Gaza et même à Jérusalem-est, les matches remportés par le Maroc avaient aussi donné lieu à des manifestations de liesse, des distributions de bonbons et des tirs d'armes automatiques, généralement réservés à l'annonce d'attentats anti-israéliens. Pascale Zonszain

pzoom151222

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