Le jeu pathologique, un véritable piège, chronique du docteur Serge Rafal

France.

J'étais bien sûr déjà conscient de l’existence de ce problème et de ses conséquences mais j’avoue avoir été surpris pendant le Mondial par le nombre de sites de jeux et la noria de leurs écrans de pub pendant le Mondial. Il m’a semblé important d’apporter quelques informations complémentaires sur le jeu pathologique. Qu'est-ce qui le définit ? Principalement la perte de contrôle ; – La poursuite du comportement en dépit de ses conséquences négatives avec en particulier des croyances irrationnelles sur les gains, une minimisation des pertes ; – Un phénomène d’accoutumance avec une augmentation des sommes engagées puis de la fréquence des paris, souvent pour se refaire, - Les difficultés du sevrage puisqu’il s’agit d’une véritable addiction avec à l’arrêt, malaise non seulement psychique (irritabilité, nervosité) mais aussi physique (maux de tête, troubles gastro-intestinaux) ; - L’évolution chronique avec une alternance de stops ou de velléités et de rechutes. Le jeu pathologique touche beaucoup de monde ? Trop… mais ça reste marginal chez nous, autour de 1,3% de la population. C’est par exemple 4 fois plus aux USA et 5 fois plus dans certains pays, la palme étant détenue par l’Australie. Profil des joueurs ? Ce sont surtout des hommes, plutôt jeunes, entre 25 et 35 ans, avec souvent un niveau d’études peu élevé, (le 1/3 n’est pas diplômé). Ils sont en précarité financière, volontiers surendettés. Certains ont commis de « petits » délits (abus de confiance, vol, larcins). On retrouve des antécédents familiaux chez 1 joueur pathologique sur 5… et des difficultés pour envisager ou accepter un traitement. Il existe chez eux des comorbidités. 9 sur 10 présentent des troubles de l’humeur (anxiété, SPT, déprime ou dépression) ou psychiatriques (structures border-line). On retrouve chez le 1/3 d’entre eux des idées suicidaires et des tentatives chez 17%. D’autres addictions sont présentes dans la ½ des cas : alcool, tabac, cannabis. Et nombre de maladies métaboliques, cardiovasculaires, respiratoires. Sujet préoccupant puisque la prévalence est 2 à 4 fois plus élevée que chez les adultes. Ils débutent souvent par le grattage puis s’intéressent aux paris sportifs en ligne, les pubs des opérateurs sont parfaitement ciblées.  Cela se traite comment le jeu pathologique ? Difficilement comme beaucoup d’addictions. L’abstinence totale ne constitue pas un objectif réaliste dans la majorité des cas, viser un simple contrôle est déjà compliqué voire utopique. La gde majorité des joueurs ne recourt d’ailleurs à aucun traitement : médicaments, TCC, thérapies comportementales, groupes de joueurs…La curatelle constitue parfois LA solution pour la protection des biens. « Bourse de joueur n’a pas de loquet » dit avec justesse un proverbe français. Faisons-en sorte que les plus jeunes ne plongent pas dans ce piège terrible que constitue le jeu pathologique, dont il est ensuite à l’évidence si compliqué de sortir.  https://youtu.be/E8DSQjKrTmg Docteur Serge Rafal

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