L'instabilité en Jordanie inquiète Israël

Israël.

Cela a commencé il y a quelques semaines par des mouvements de protestation contre une nouvelle hausse du prix de l'essence, alors que la Jordanie se débat déjà dans une grave crise économique. Mais ce qui est nouveau, c'est que ces émeutes ont aussi touché des régions habitées principalement par des Bédouins, qui sont des soutiens traditionnels du roi de Jordanie, contrairement à la population d'origine palestinienne. Ce n'est pas la première fois que le roi Abdallah se trouve confronté à ce genre de crise. La précédente, il y a trois ans, avait paralysé le pays durant plusieurs mois, sur fond de grève des enseignants. Mais cette fois il y a d'autres facteurs préoccupants, comme l'émergence de groupes islamistes radicaux, dont un des membres a même assassiné il y a quelques semaines un officier de la police jordanienne. Le souverain hachémite règle généralement ce genre de crise en injectant de l'aide financière en provenance des monarchies du Golfe. Mais cette fois, la crise semble plus grave que les autres, au point qu'elle inquiète même l'Autorité Palestinienne, qui redoute qu'elle ne franchisse le Jourdain et déborde sur son territoire. Ce qui a poussé Mahmoud Abbas à assurer publiquement son soutien au roi Abdallah. Il faut dire que la Jordanie reste le premier allié stratégique de l'Autorité Palestinienne et son principal partenaire économique. Si le régime du souverain hachémite n'est pas encore menacé à court terme, sa déstabilisation peut encore s'aggraver. Et quand un régime arabe de la région est affaibli, il risque de voir deux acteurs dangereux s'engouffrer dans la brèche : les islamistes de type Daech et bien sûr l'Iran, déjà présent sur deux des frontières de la Jordanie : en Syrie au nord et en Irak à l'est. D'ailleurs en Egypte, où la situation économique est aussi en train de se détériorer, on redoute un effet domino, qui la toucherait également. Autant d'éléments qui préoccupent aussi Israël, d'autant que l'hostilité croissante de l'opinion jordanienne envers son souverain, s'exprime aussi envers Israël. La paix signée entre les deux pays en 1994 n'a jamais été plus loin qu'une paix froide et le résultat des élections israéliennes du 1er novembre avec le retour du Likoud et l'arrivée de partis nationalistes font enfler les rumeurs sur une modification du statu quo en vigueur sur le Mt du Temple à Jérusalem, où le nouveau gouvernement pourrait autoriser les prières juives, ce que les musulmans rejettent catégoriquement. Et la Jordanie garde un statut particulier en ce qui concerne les lieux saints musulmans de Jérusalem. Une autre psychose qui se réveille dans la rue jordanienne est celle d'un scénario où Israël soutiendrait un renversement de la monarchie hachémite pour que la Jordanie devienne l'Etat palestinien. Une idée qui avait été soutenue par la droite israélienne jusqu'au début des années 90, avant la signature du traité de paix. De plus, les relations entre les deux pays n'ont jamais été simples et ont connu un certain nombre de crises, notamment sous les précédents gouvernements dirigés par Benyamin Netanyahou, dont les relations avec le roi Abdallah ont toujours été difficiles. C'est donc un front de plus qui ravive déjà la vigilance des responsables des services de sécurité israéliens et pour lequel le nouveau Premier ministre devra redoubler de prudence diplomatique. Pascale Zonszain

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