La toux, un symptôme utile mais parfois très gênant, chronique du docteur Serge Rafal

France.

La toux est la réaction physiologique à une irritation de la gorge ou des voies respiratoires, le plus souvent par une infection (rhume, grippe, bronchite, Covid) ou une allergie. Elle a pour but d’éliminer les sécrétions bronchiques, ce qui explique qu’il faille utiliser judicieusement les antitussifs afin de contribuer à la guérison, tout en dégageant les voies respiratoires, mais sans entraver un mécanisme salutaire.     Il existe des toux utiles et d'autres qui le sont moins ? On peut le dire comme cela. Les toux grasses sont utiles mais elles finissent par être épuisantes ou invalidantes lorsqu’elles sont trop importantes, nocturnes et surtout prolongées, ce qui est le cas avec les malades du Covid ou de la grippe… qui peuvent tousser 15 jours. Une toux sèche peut elle-aussi, être utile pour éliminer une irritation ponctuelle par fumée, poussière, bouchée ou salive avalée de travers ou corps étranger. Elle est par contre totalement inutile, uniquement déplaisante lorsqu’elle traduit un reflux gastro-oesophagien ou qu’elle est la conséquence d’une prise de médicaments (IEC dans l’hypertension artérielle, bêtabloquants, certains collyres). On peut prévenir la toux ? Tout dépend de la cause. Je n’insisterai pas sur le rôle délétère du tabac qui constitue toujours un élément aggravant et qu’il faut absolument stopper, par tous les moyens, nous y avons consacré de nombreuses rubriques. Et également celui d’une température trop élevée avec de l’air trop sec dans la chambre à coucher. Il est alors tout à fait utile de réduire le chauffage et d’humidifier la pièce en posant un bol d’eau ou une serviette mouillée sur la source de chaleur. Les médicaments des toux sèche appartiennent à 2 catégories principales : - Les opiacés (codéine et ses dérivés), délivrés depuis 2017, uniquement sur ordonnance, - Les antihistaminiques comme l’oxomémazine. Ces derniers sont contre-indiqués en cas de glaucome à angle fermé ou d’adénome de prostate, ils entraînent parfois de la somnolence. On peut bien sûr s’aider d’une 3ème catégorie de produits plus doux : gommes adoucissantes (Pullmoll, Valda), pates homéopathiques Baudry ou pates suisses Pin-Eucalyptus.  Et pour les toux grasses ? On recourt ici aux fluidifiants bronchiques (acétylcystéine, carbocistéine…) qui diminuent la viscosité des glaires et facilitent leur expectoration. On peut également s’aider de sirops à base de plantes (lierre grimpant, niaouli, pin) dont l’usage est traditionnel. Notons toutefois que peu voire aucune grande étude ne leur attribue une efficacité supérieure au miel. Bonne raison pour donner la préférence à ce dernier, plutôt de thym ou d’eucalyptus. Toux aiguë de l'enfant ? Elle est très fréquente en pédiatrie, particulièrement anxiogène pour les parents, nous venons encore de le constater avec les bronchiolites. Le recours aux sirops est quasi généralisé alors que la plupart sont inefficaces voire contre-indiqués : pas de fluidifiants, ni d’antihistaminiques chez les – de 2 ans, pas d’opiacés avant 30 mois et pas de codéine avant 12 ans. La plupart des antitussifs ont une balance bénéfices-risques largement défavorable. Seul le miel, interdit toutefois chez les nourrissons en raison d’un risque de botulisme, est autorisé au-dessus de 1 an. La désobstruction rhinopharyngée avec du sérum physiologique est utile encore qu’elle ne soit pas d’une grande efficacité sur la toux proprement-dite, mais elle a le mérite de nettoyer le nez. Et bien sûr, il ne faut pas se précipiter sur les antibiotiques qui sont encore moins automatiques ici qu’ailleurs, mais pas facultatifs.  La bonne vieille auscultation. On peut rajouter les saturomètres, peu onéreux, une 30aine d’euros, qui nous ont été d’un grand secours pendant l’épidémie de Covid : une SaO2 supérieure à 95% étant tout à fait rassurante pour le médecin et le malade. Quant à la Rxs de poumons, elle n’est demandée que devant un tableau infectieux qui s’installe dans la durée ou s’aggrave progressivement (fièvre, glaires verdâtres, altération de l’EG). « Quand sur une personne on prétend se régler. C’est par les beaux côtés qu’il faut lui ressembler. Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle que de tousser et de cracher comme elle » écrit Molière dans « Les femmes savantes ». La toux, domaine où l’automédication règne en maître, ne doit en aucun cas servir de modèle, elle peut à la rigueur et c’est généralement le cas, être auto-traitée pendant 2-3 jours mais assez vite médicalisée en l’absence d’amélioration, a fortiori d’aggravation. Docteur Serge Rafal

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